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Comment surfer sur l’austérité et le chômage pour séduire des jeunes diplômés bon marché
Article mis en ligne le 10 janvier 2016
dernière modification le 6 janvier 2016

Dans un pays déchiré par la crise et où tout se vend, il y a de quoi flairer les bonnes affaires. Malgré l’austérité, certaines entreprises françaises prospèrent en Grèce, à l’image de Teleperformance, leader mondial de l’externalisation des services à la clientèle. Sa recette : attirer les jeunes diplômés de toute l’Europe, pour venir profiter du soleil athénien… et travailler au sein de sa centrale téléphonique multilingue géante.

Malgré des salaires plus faibles qu’ailleurs en Europe, des protections sociales battues en brèche, et l’absence de syndicats dans l’entreprise, des centaines de jeunes se laissent séduire, fuyant un chômage qui avoisine les 20% en moyenne en Europe, pour les moins de 25 ans. (...)

Leader mondial des centrales d’appel téléphonique, Teleperformance – souvent appelée « TP » par ses employés – est une entreprise française fondée en 1978. Son cœur de métier ? Sous-traiter les services client des multinationales de l’Internet et de la téléphonie mobile. Avec ses 275 centres répartis sur 62 pays, elle est régulièrement critiquée pour ses pratiques managériales (stress, épuisement, mise en concurrence des salariés, temps de pause trop courts, objectifs impossibles à atteindre, etc.). L’entreprise a réalisé 3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014, avec une croissance de 7 %. La centrale d’Athènes, qui a rejoint Teleperformance en 1997 et compte 3 800 employés, fait figure de modèle. Sur cette plate-forme dont le multilinguisme est la spécificité, plus d’une centaine d’entreprises sous-traitent en 35 langues.

L’entreprise prend tout en charge pour attirer de nouveaux employés (...)

Téléopérateurs sur-diplômés

Les salariés viennent d’horizons très différents, mais leurs parcours sont représentatifs du visage qu’offre la Grèce après sept ans de crise et d’austérité. Nombre d’entre eux ont des métiers qu’ils ne peuvent pas exercer, ou qui ne leur rapportent pas assez pour vivre. À l’image de Spiros, ancien enseignant et chef d’entreprise, qui approche la soixantaine. Sa blanchisserie familiale a dû mettre la clef sous la porte, comme un tiers des PME grecques depuis 2008. Il est téléconseiller en langue allemande. « Je n’avais plus d’autre solution. Je parle couramment allemand, car j’ai travaillé à Munich pendant des années comme prof de littérature. » (...)

Le télétravail se mondialise, et l’Europe rejoue l’histoire du « plombier polonais ». Mais cette fois-ci, à l’envers, puisque ce sont les occidentaux qui vont travailler à l’Est. Cependant, la mixité qui existe à Teleperformance, avec des gens venus de pays possédant des cultures du travail différentes et parfois des normes sociales plus exigeantes (comme la France ou la Suède), font que l’entreprise devra peut-être s’adapter. Même si on peut en douter franchement. Dans ce contexte, l’espoir d’un nivellement par le haut est-il permis ? 78 nationalités sont représentées à TP Hellas... « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ! »