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Comment une photo postée sur Telegram a permis de détruire le QG du Groupe Wagner
Article mis en ligne le 30 août 2022

On se souvient comment, il y a quelques semaines déjà, un journaliste russe avait à l’occasion d’un reportage télévisé offert aux armées ukrainiennes, sur un plateau, le placement exact d’un mortier, un 2S4 Tioulpan, qu’il leur suffisait ensuite de cibler et de détruire.

Plus récemment, et de manière relativement similaire, un journaliste polonais accusait TF1 d’imprudence mortelle : quelques informations cruciales mais non-floutées lors d’un reportage dans le Donbass auraient permis à l’artillerie russe de régler ses mires avec précision, et de tuer un soldat ukrainien, le dénommé « Keks ».

Il y a quelques jours, très moqueur et souvent piquant, le compte Twitter du ministère ukrainien de la Défense remerciait un touriste russe pour son involontaire participation à l’effort de guerre ukrainien. En slip de bain et fier de sa drôle de photo-souvenir, l’homme posait aux côtés de positions anti-aériennes russes.

Kiev sous-entendait par son tweet que les informations contenues dans le cliché avaient été suffisantes pour que ses armées visent et détruisent le système russe.

Le même ministère ukrainien de la Défense peut sans doute également remercier le journaliste pro-russe qui, le 8 août dans la ville occupée de Popasna, postait fièrement sur l’application de messagerie Telegram une photo de ce qui semblait être le QG des mercenaires du tristement célèbre groupe Wagner, appelé à la rescousse par le Kremlin pour suppléer en Ukraine, avec force crimes et horreurs, ses troupes régulières.

Car le 14 août, ledit quartier général était bombardé par l’Ukraine, tuant quelques mercenaires et détruisant une partie du bâtiment. Et comme le rapportent divers média, tels l’édition britannique de Wired ou la Pravda ukrainienne, c’est bien l’analyse du cliché posté une semaine plus tôt par le fier journaliste pro-russe, sur lequel une adresse pouvait être lue, qui aurait permis l’identification précise des lieux puis leur destruction.

Ainsi que l’explique Wired, cette action ukrainienne est une preuve supplémentaire de l’importance prise par l’OSINT, l’information en open-source, dans les conflits modernes. (...)

Bref : quiconque participe à un conflit est désormais un grand producteur d’informations très sensibles et facilement accessibles, et leur captation par le renseignement ennemi ou par d’anonymes taupes du net peut déboucher sur un désastre.