
Les organisations haïtiennes qui signent cette déclaration expriment leur indignation face à cet acte odieux qui participe d’une campagne de violence et d’intimidation contre les défenseurs des droits humains au Honduras et en Amérique Centrale. Au cours des dernières années plusieurs responsables de COPINH et d’autres organisations comme OFRANEH (Organización fraternal Negra Hondureña) ont subis des actes d’intimidation, d’enlèvement, de tortures et d’assassinats.
Avec la disparition de Berta Caceres le Peuple haïtien perd une amie fidèle qui, en maintes fois, dans le cadre de ses combats héroïques contre la militarisation de l’Amérique Centrale, a dénoncé la MINUSTAH et ses violations systématiques des droits fondamentaux du peuple haïtien.
Berta Caceres était un défenseur acharné des droits des peuples indigènes du Honduras, militante reconnue de la défense des droits des Peuples latino-américains grâce à son engagement déterminé dans des réseaux comme Jubilée Sud, Alliance Sociale Continentale, Via Campesina, Marche Mondiale des femmes, Amis de la terre, dans son leadership dans la lutte contre l’ALCA et dans les combats contre les bases militaires. En 2000 Berta Caceres a été l’une des fondatrices et des inspirateurs du réseau COMPA (Convergencia de los Movimientos de los Pueblos de nuestra América). Pendant une vingtaine d’années elle s’est mobilisée contre la voracité et les crimes des entreprises transnationales. Militante écologiste et féministe elle était à l’avant-garde des luttes continentales pour l’émergence des alternatives susceptibles de contribuer à l’émancipation des Peuples comme le témoignent le prestigieux « Prix mondial Goldman de l’environnement » qu’elle a reçu en avril 2015, sa participation et son leadership dans le cadre du dialogue entre les mouvements sociaux et le Pape François en novembre 2015.
Injustement emprisonnée en 2013 pour sa lutte contre le barrage hydroélectrique de Agua Zarca et constamment menacée pour son opposition aux exploitations minières à grande échelle Berta a toujours mis sa vie aux services des intérêts stratégiques du Peuple Lenca et des opprimés de notre continent. Cet assassinat est la conclusion tragique d’un long processus de persécutions qui a eu des effets sur sa santé et sa famille.
La nouvelle de sa mort tragique fait résonner avec plus de force les vers de Roque Dalton : “Y que mis venas no terminan en mí sino en la sangre unánime de los que luchan por la vida, el amor, las cosas, el paisaje y el pan, la poesía de todos”.
Les organisations et mouvements sociaux haïtiens élèvent leurs voix pour dénoncer cet assassinat crapuleux et s’engagent à perpétuer la mémoire de cette militante exemplaire.
Nous dénonçons la complicité des autorités gouvernementales et judiciaires du Honduras qui, depuis le coup d’état perpétré contre le Gouvernement légitime de Manuel Zelaya, maintiennent un climat de terreur contre les défenseurs des droits de la personne faisant du Honduras le pays qui affiche des records au niveau de l’insécurité et des assassinats politiques. (...)
Nous nous engageons à continuer le combat de Berta en diffusant le sens de son engagement continu au cours des 20 dernières années et en nourrissant les luttes internationalistes qui rapprochent les Peuples opprimés. Nous sommes convaincus que les balles assassines et la mitraille ne seront pas capables de tuer les rêves de justice de Berta Caceres.
Berta Caceres tu es vivante et seras éternellement présente dans tous nos combats.
Vive la lutte des Peuples pour la défense de leurs droits.
A bas la culture de l’impunité,
Vive l’internationalisme et la lutte contre le système capitaliste
Fait à Port-au-Prince le 4 mars 2016