
La petite fille à la cantine de la maternelle joue dans un fait divers tout-à-fait divers, divertissant. Le policier vient la chercher devant tout le monde. C’est la honte et c’est la peur. La petite fille a six ans. A la cantine. Le décor est posé. Une petite fille. Des copains. Des dames de cantine pour gronder tout le monde. Et puis, un policier.
Les gens ne se souviennent pas de leurs six ans. C’est une chance l’amnésie de l’enfance, ça vous fait des adultes sérieux qui se prennent comme tels : au sérieux. Le contraire est moins rose.
Bon bien sûr, les parents de la petite fille sont coupables : ils n’ont pas payé la cantine. Il faut donc arrêter la petite fille. (...)
C’est que les pauvres nous font perdre notre triple A.
C’est que les flics à la cantine nous rappellent à quel point il serait facile comme il l’a été d’obéir aux ordres.
Allez arrêter les enfants.
Ce sont les ordres.
D’autres ordres pourraient venir que des soumis et des sérieux seraient bien capables - tout en se lavant les mains - de les appliquer encore et toujours parce qu’il faut bien que les gens comprennent que l’on n’est pas égaux. Il faut se mettre tout cela dans la tête une bonne fois pour toutes.
Ils sont nombreux les amnésiques de leur enfance.
Le savoir, c’est déjà de la prévention.