
Comme les escargots lorsque tombent les premières gouttes de pluie, à chaque projet de guerre humanitaire et à chaque intention de lâcher quelques bombes, les va-t-en guerre sont de sortie. Guerre du Golfe, Yougoslavie, Kosovo, Afghanistan, guerre du Golfe la suite, Lybie, les médias aiment donner la parole au GI-Joe de la pensée géopolitique. Avec le conflit en Syrie, ils sont particulièrement nombreux… et particulièrement en forme.
Les commentateurs en tous genres ont été contraints de modifier leur analyse et leur plan compte tenu de l’agenda international. Il y a un « avant » et un « après » 9 septembre. En effet, le 9 septembre la Russie propose de soumettre les armes chimiques de la Syrie à un contrôle international. Avant cette proposition, la plupart des éditocrates étaient favorables à une intervention armée (ciblée et humanitaire – sic). Après, ces mêmes éditocrates étaient – toujours – favorables à une intervention armée (ciblée et humanitaire – resic).
L’état-major
Dans une nouvelle saison de cette série répétitive, le général en chef pourrait bien être Bernard Guetta. Depuis la fin du mois d’août il a délaissé sa cape bleue ornée d’étoiles pour un ensemble kaki sur lequel il espère apposer de nombreuses médailles. Dans Libération (3 septembre 2013), il revient sur les arguments des opposants à une intervention militaire en Syrie. Sa tentative de démontage consiste à aligner quelques lapalissades cocasses dont celle-ci : « Dès lors que des gaz de combat ont bel et bien été utilisés, celui qui a pu le faire est celui qui en avait et non pas celui qui n’en avait pas, le pouvoir et non pas l’insurrection. » CQFD. Puis il ajoute d’étonnantes remarques pour un spécialiste de la géopolitique : « rien ne dit que des frappes limitées précipiteraient une guerre mondiale ou même régionale. » Mais rien ne dit le contraire non plus. (...)
Plus amusant, l’article paru sur le site de France Info, le 27 août, s’interroge : « Comment rendre légitime une intervention militaire en Syrie ? ». L’auteur envisage ici « plusieurs scénarios [qui] permettraient de passer outre les vétos russes ou chinois. » Malin.
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Évidemment Acrimed est bien incapable (et ce ne serait pas dans son rôle) de se prononcer sur une éventuelle intervention militaire en Syrie. De plus, les médias n’ont pas tous une attitude de suivisme dans ce conflit, mais force est de constater qu’une grande partie des chefferies éditoriales se complaisent dans leur rôle de commandants en chef des armées. Et s’il n’est pas étonnant de retrouver toujours les mêmes (Lévy, Glucksmann, Guetta, Encel...) promouvoir la guerre du haut de leur superbe ignorance, il est déplorable que du temps d’antenne ou des pages leur soient (encore) abondamment cédés pour qu’ils puissent claironner leurs opinions, plutôt qu’à des journalistes qui désireraient simplement informer sur les tenants et les aboutissants du conflit…