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Congo : au Nord-Kivu, la stabilité se fait sanglante
/Guerres aux Kivus
Article mis en ligne le 17 août 2012
dernière modification le 20 août 2012

Alors que la communauté internationale concentre toute son attention sur la Syrie, l’Afrique des Grands Lacs se retrouve à nouveau dans la tourmente de la guerre.

L’appropriation des ressources de l’Est du Congo est derrière toutes ces tentatives de déstabilisation. La mascarade diplomatique que mènent les puissances régionales est d’autant plus cruelle qu’elle renvoie à l’abandon absolu dont souffrent les populations sur le terrain. (...)

A Goma, capitale du Nord-Kivu, rien n’indique que des troupes rebelles prêtes à envahir la ville sont stationnées à vingt kilomètres de là. Les discothèques de son avenue principale restent ouvertes tous les jours de la semaine tandis que le ballet des luxueuses 4x4 « humanitaires » continue de sévir sans discontinuer jusqu’à la nuit tombée.

Quant à l’ONU et à ses différentes agences, à commencer par la Monusco – force de maintien de la paix de près de 19 000 hommes et 1,4 milliard d’euros de budget annuel – elle est paradoxalement plus présente que jamais, la menace rebelle l’ayant amené à concentrer ses effectifs dans la capitale.

En réalité, la ville s’est construite sur les crises successives qui ont touché l’Afrique des grands lacs, jusqu’à banaliser un état d’urgence auquel elle est en permanence soumise. Point d’entrée du cœur des ténèbres que sont les Kivus et l’Ituri depuis la première guerre du Congo, Goma est devenue au fil des années le QG permanent de milliers d’humanitaires, trafiquants et journalistes occidentaux venus couvrir les guerres du Congo et leurs conséquences innombrables.
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Objet de tous les trafics, les ressources naturelles des Kivus comme de l’Ituri sont systématiquement pillées sans qu’aucun contrôle ne soit exercé depuis des années. De l’or aux diamants en passant par la cassitérite et même l’uranium, une part infime des flux est enregistré par l’administration étatique.

En parallèle, les intégrations successives de mouvements rebelles dans l’armée régulière, avec de belles promotions à la clef, ont ouvert un cycle d’impunité qui ne semble plus ne pouvoir prendre fin et explique la multiplication des rebellions.

Dans une région sinistrée économiquement, la violence est devenu le meilleur moyen d’exister économiquement et politiquement et de gravir des échelons tant militaires que sociaux, voir de se construire un destin national. (...)

Terrain de jeu des puissances régionales comme elle le fut des puissances coloniales, le Nord-Kivu, qui partage des frontières avec l’Ouganda et le Rwanda, semble une nouvelle fois au cœur d’une crise dont il ne sortira qu’après un énième accès de violence. (...)

Pendant ce temps, l’inquiétude et le désemparement gagne les populations, soumises à des exactions quotidiennes et à une instabilité aux conséquences dévastatrices. Dans l’une des régions les plus pauvres du monde, dénuée des plus élémentaires tissus éducatifs et sanitaires et touchée par plus de vingt ans de guerre qui ont fait dix millions de victimes, le seul point commun qui semble réunir l’ensemble des acteurs de ce conflit semble bien être, encore et toujours le désintérêt le plus total porté au destin des populations locales.
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