
Martin Winckler s’est fait connaître du grand public avec son roman La maladie de Sachs (POL). S’il continue à écrire, il intervient aussi sur les questions de santé. L’un de ses thèmes de prédilection concerne le mauvais comportement des médecins et des pouvoirs publics en matière d’information des femmes sur la contraception et la sexualité.
L’information destinée aux femmes sur leur santé semble n’intéresser aucun professionnel. Pour un pays de 60 millions d’habitants qui se flatte de son système de santé, je trouve ça notoirement insuffisant.(...)
C : Pourquoi privilégie-t-on certains modes de contraception en France (pilule, préservatif) au détriment des autres ?
Parce que les préjugés ne sont pas combattus par ceux qui pourraient le faire : les médecins. Parce que l’ensemble de la population est sous-informée et rendue inquiète. Parce que le gouvernement n’a pas suivi les exigences de la loi de 2002 qui imposait l’information sur la contraception dans les écoles (et de toute manière, il aurait fallu former des intervenants, à commencer par les médecins, qui ne veulent rien entendre, à part une poignée de militants).
Enfin parce que les classes les plus défavorisées (et leurs enfants) sont les moins bien informées et servies sur la question de la contraception, tout comme d’ailleurs sur la prévention du cancer du col par le dépistage (frottis). Les femmes modestes n’ont pas accès au dépistage, soit parce que les gynécos refusent de les recevoir (beaucoup « trient » leurs patient(e)s et refusent celles qui sont à la Couverture maladie universelle, par exemple), soit parce que les généralistes n’en font pas, par manque de formation ou par manque de temps.
Et les centres de planification des hôpitaux ou les Plannings Familiaux sont surchargés ou sous-financés. (...)