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Contrat à impact social : rentabiliser la misère
Article mis en ligne le 27 décembre 2016
dernière modification le 22 décembre 2016

Le « contrat à impact social », nouvel outil de financement pour les associations, arrive en France. L’État ne veut plus assurer ses missions sociales ? Pas de soucis, les banques et les multinationales sont déjà en embuscade pour couvrir les besoins des miséreux.ses. Une main sur le cœur, l’autre dans la caisse, la finance s’attaque au social et recycle la misère en pognon.

La Sauvegarde du Nord, géant associatif du département, a été choisie pour expérimenter un des trois premiers « contrats à impact social » de France. Ce contrat implique un nouveau montage financier invitant un investisseur privé à financer un projet social. Cette expérimentation concerne le pôle de prédilection de l’association : la protection de l’enfance. Avec ses foyers d’accueil et ses 600 agents, la Sauvegarde est un acteur incontournable pour assurer le suivi socio-éducatif des familles et des gamin.es en difficulté. Quand la situation l’exige, le travailleur social peut préconiser un placement en foyer, définitif ou temporaire, afin d’imaginer plus sereinement des solutions. Or, comme l’explique très tranquillement le directeur de la Sauvegarde dans une courte vidéo de présentation1 : « Un placement coûte 60.000 euros, alors qu’un accompagnement dans la famille, seulement 3.000 euros ». Avant d’ajouter une touche sociale et solidaire et de mixer le tout : « Au-delà de l’enjeu humain, car il s’agit de retirer un enfant de sa famille, [...] il y a un enjeu économique, [...] la collectivité fera des économies subsantielles et nous éviterons des drames humains ». La Sauvegarde redécouvre les vertus de la prévention grâce aux contraintes économiques... ou comment faire passer l’obsession de la rentabilité pour un nouvel humanisme.

Le « contrat à impact social » qui lie la Sauvegarde, le département et les financeurs fixe comme objectif de prévenir… enfin, d’économiser une « cinquantaine de drames humains » par an pendant trois ans. La stratégie est donc d’embaucher un « commando de travailleurs sociaux », dont le but est d’éviter les placements en foyers en intensifiant l’accompagnement socio-éducatif au sein de la famille. (...)