
Il y eut ce chat entre un trader et les riverains de Rue89 : « Je suis trader dans une banque française, posez-moi vos questions ! » Bon, rien à redire sur les questions. Mais les réponses du trader, oulala ! Un summum dans le registre de la citoyenneté à responsabilité limitée.
Vous vous rappelez tous cette excuse définitive du criminel de guerre :
« J’ai agi sur ordre. Je faisais mon métier. »
Bon d’accord, un trader n’est pas un criminel de guerre. Celui-ci nie d’ailleurs d’avance toute responsabilité pour ses actes. Il fait son boulot, voilà tout. Tout juste admet-il qu’il ne se lève pas le matin en se disant qu’il va « agir pour le bien de l’humanité ». (...)
À croire que notre monde est régi par une vaste Sarl (Société anonyme à responsabilité limitée). Personne n’est responsable de rien, encore moins coupable. Chacun se planque dans la grille hiérarchique préétablie, à la place qui lui est allouée. Et renvoie aux échelons supérieurs ou en appelle à son devoir quand il passe dans le collimateur.
Le préfet qui envoie, selon son époque, des Juifs ou des Roms se faire pendre ailleurs. Le policier du Vel d’Hiv ou celui des sinistres évènements du 17 octobre 1961. Le syndicat qui défend l’industrie de l’armement pour les emplois qu’elle procure. La région, son usine de retraitement nucléaire. L’employé qui coupe l’électricité, le gaz ou l’eau d’une famille dans la dèche.
C’est marrant, j’ai la naïveté de penser que tout citoyen est un adulte. Que tout adulte est responsable de ses actes par définition.
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