
Le dernier rapport de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains est accablant pour la France. Cet organisme né du partenariat entre la Fédération internationale des droits de l’Homme et l’Organisation mondiale contre la torture pointe les atteintes contre la démocratie en France. Tout au long de 88 pages, l’organisation pointe les entraves croissantes aux libertés d’association et à la liberté de manifester.
En France, c’est une chaîne de freins à la liberté de manifester que le rapport de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains décrit. Selon ce rapport, les autorités stigmatisent dans leur discours les organisations de la société civile et les causes qu’elles défendent. Cette dégradation est surtout observée depuis 2017, la fin officielle de l’état d’urgence qui avait été instaurée après les attentats de 2015, mais qui, dans les faits, n’a pas marqué un retour à la situation antérieure.
Le rapport souligne ensuite le recours croissant aux arrêtés d’interdiction de manifester. Ce recours est manifestement abusif, puisque 80 % de ces arrêtés sont suspendus par la justice. « C’est un rempart, mais jusqu’à quand ? Quand on voit par exemple la préfecture de Nice, ce sont des arrêtés qui sont communiqués très tardivement, ce qui rend impossible le recours à la justice pour les auteurs des manifestations », explique Aissa Rahmoune, secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l’Homme.
L’usage de la force banalisé (...)
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– (Reporterre)
6 mois de prison ferme pour avoir aspergé Matignon de peinture
Une sanction « d’une sévérité incroyable », résume le collectif Dernière rénovation (DR). Le tribunal judiciaire de Paris a condamné, le 23 septembre, Rachel, 23 ans, à six mois de prison ferme. Son tort ? Avoir aspergé de peinture orange l’hôtel de Matignon, le 8 novembre 2023, dans le cadre de la campagne de DR, qui réclamait des mesures d’ampleur pour la rénovation énergétique.
Selon le communiqué du groupe, Rachel a été reconnue coupable de dégradations, mais aussi de violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, « malgré les très maigres preuves en ce sens ». Manon, une autre citoyenne qui a participé à l’action visant l’hôtel de Matignon, dotée d’un casier vierge, a été condamnée à huit mois de prison avec sursis.
Toujours d’après l’organisation, cette décision est « la sanction la plus lourde jamais prononcée, en France, à l’encontre d’une activiste pour une action de désobéissance civile non-violente ». (...)
Le collectif Dernière rénovation dénonce ainsi « un grave recul du droit des citoyens à défendre pacifiquement un futur vivable pour toutes et tous ». (...)
Cette condamnation s’inscrit dans un contexte de répression accrue des militants écologistes. Alors que les campagnes de Dernière rénovation et Riposte alimentaire sont terminées depuis plus de deux ans, « 48 audiences ont déjà eu lieu au tribunal et 47 sont encore à venir, concernant une centaine de militants de ces collectifs », soulignait Charlotte, membre du Mouvement de soutien aux défenseurs de l’environnement (MDSE) début septembre 2025.