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Contre le total-terrorisme, quelle réponse à gauche ?
Article mis en ligne le 15 novembre 2015

Le terrorisme islamiste, une nouvelle fois, mais à une échelle sans précédent pour la France, se rappelle à nous. Nous n’avons pas le choix : sans rien oublier de nos autres combats, il faut d’abord prendre la mesure de la menace.

(...) La République et la démocratie françaises sont attaquées, mais les gauches aussi, et tout particulièrement. Le total-terrorisme islamiste, non réductible à l’Islam ni même aux fondamentalismes musulmans, constitue un projet politique tourné contre l’émancipation des hommes et des femmes et donc contre la gauche de transformation culturelle, sociale et politique. L’histoire des martyrs du djihadisme est longue. Parmi ceux-là, de très nombreux militants de la gauche, de la laïcité et du féminisme.

Mais là, l’ennemi a franchi un cran supplémentaire : ce ne sont plus les athées (Charlie Hebdo), la police (8 janvier 2015) ou les juifs (l’Hypercasher du 9 janvier 2015) mais n’importe qui vivant en France qui est visé. L’idée avait été énoncée par Ben Laden il y a déjà plus de 15 ans : ils veulent créer en France une guerre civile sur des bases religieuses. S’ils y parviennent, c’est la destruction de la gauche politique et sociale dans ce pays. Ces total-terroristes, rois du pétrole (de contrebande) et de vidéos Youtube abjectes, sont des ultra-capitalistes 2.0 d’une efficacité incroyable car ils s’appuient tout à la fois sur les vulnérabilités des démocraties et sur un projet de « civilisation (!) » qui justifie la démesure des actes.

On ne dialogue pas avec une Kalachnikov. Alors oui des mesures « régaliennes » doivent êtres prises, à la hauteur de la guerre que le total-terrorisme nous fait. Bien sûr, il faut que cette lutte se fasse sous la surveillance du droit et des citoyens, des limites doivent être posées, mais en lui assurant enfin une efficacité. De ce point de vue, comment ne pas s’interroger sur l’échec que constituent pour nos services de sécurité les massacres du 13 novembre ? (...)

Prévenir et réprimer, oui, mais, nous devons aussi mener la bataille de l’opinion, débattre avec les citoyens, rassembler le plus largement possible, faire converger les forces progressistes pour une réponse commune au nouveau terrorisme. Nous devons le faire avec la grande majorité des musulmans attachés aux principes républicains malheureusement bafoués tous les jours par nos dirigeants depuis des décennies, notamment en faisant la chasse à tous les actes anti-musulmans.
La gauche doit exister dans le combat antiterroriste

Comparer la situation de ce jour à celle de l’« après-Charlie », c’est d’abord montrer l’échec patent de la direction politique de notre pays qui n’a pas pris la mesure des enjeux de la situation ouverte par les massacres de janvier 2015. Le trio adulé des médias néolibéraux (Hollande-Valls-Macron, Sarkozy-Fillon-Juppé-Ciotti, la machine de Marine le Pen) a pu continuer ses conflits picrocholins pour s’assurer les parts d’audience.

La gauche ne peut disparaître dans une « union nationale » sans contenu. Elle doit féconder d’un contenu progressiste le combat antiterroriste. Le Front de gauche, en particulier, doit s’occuper de cette question, qui ne saurait être abandonnée au gouvernement. Il doit prendre des initiatives, de réflexions et d’actions. A Paris et en province. Dire clairement qu’il va nous falloir lutter en même temps contre le capitalisme, contre le communautarisme et contre l’intégrisme. Ouvrir les yeux de ceux qui, encore, s’acharnent à croire que le terrorisme est un « fantasme », alors qu’il constitue un danger mortel immédiat, ou qui s’imaginent qu’il dépérira tout seul, sous l’effet de politiques sociales, alors que les causes (au demeurant multiples et complexes) ne sauraient disparaître en un jour.

Non à l’attentisme, non à l’esquive (...)

La résistance aux politiques socio-libérales continue, n’en déplaise à Hollande-Valls-Macron qui accélèrent le cours des réformes destructrices contre nos acquis sociaux. Mais cette résistance ne saurait servir d’excuse pour éviter d’aborder de front les questions spécifiques que nous pose le total-terrorisme. Nos outils d’éducation populaire1 sont là pour nous aider dans cette tâche. Que des structures de base des organisations associatives, syndicales, mutualistes et politiques prennent au sérieux cette période en donnant comme thème à leurs initiatives d’éducation populaire ce qu’ils ont longtemps considéré comme des sujets tabous qui divisaient leurs bases.

ReSPUBLICA, à la mesure de ses forces,