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Contrôle social : La chasse aux fraudeurs est ouverte
Article mis en ligne le 13 juillet 2015
dernière modification le 11 juillet 2015

Véritable gimmick du quinquennat sarkozyste, la lutte contre la fraude sociale trouve un nouveau souffle sous le gouvernement hollandais. Avec pour objectif affiché de sauver les derniers vestiges de l’État social, elle reste l’un des nombreux avatars de la guerre aux pauvres.

Il suffit d’un petit article pioché dans la presse quotidienne régionale pour sentir comment se faisande l’air du temps. Dans son édition du 22 avril 2015, les colonnes du Courrier picard nous offrent un papier couvrant une banale affaire judiciaire. Il y est question d’une mère de famille vivant seule avec ses trois gosses à Seboncourt (Aisne) et qui, pour gratter quelques euros, n’a pas mis à jour sa situation auprès de la CAF. Il y est question d’un procès où la CAF réclame à la fraudeuse un trop-perçu de 5 000 euros. Il y est question d’un réquisitoire où le parquet qualifie l’infraction de « destructrice du lien social ». Accessoirement, il est aussi question d’une sanction portée à la juste mesure du honteux délit  : deux mois de taule avec sursis et un échéancier sur plusieurs années pour rembourser les indus. La taule, dernier rempart pour maintenir le lien social  : on savoure la logique. (...)

Deux semaines avant, le même Courrier picard, bien à cheval sur son dada, dévoilait l’arnaque commise par deux couples de Saint-Quentin (Aisne) aux mêmes allocs de la CAF. Là encore, de fausses déclarations avaient entraîné le versement indu de prestations. Sanction  : amendes, remboursement du trop-perçu et zonzon avec sursis. Mise en ligne sur le Facebook du Courrier picard, l’affaire allait inspirer une flopée d’internautes. Si l’orthographe reste hésitante, les cibles de la hargne ne souffrent d’aucune ambiguïté  : « Fau plus de contrôle c’est tout à fait normal c’est la loi comme dirait Laurence Broccolini vous êtes le maillon faible aurevoir » ; ou bien  : « Bien fait. Marre de payer pr tt c cafistes qui gagnent plus a rester chez eux… pauvre France » (sic). On sait dans quelle mesure les forums Internet servent de déversoir aux inclinations les plus frustes, et ces appels au lynchage pourraient rester dans le champ de l’anecdote, s’ils ne s’inscrivaient pas dans le sillage d’une vraie déclaration de guerre du patron de la CAF, Daniel Lenoir, amorcée lors du quinquennat sarkozyste. Invité sur les ondes de RTL en 2012, le dirlo de la CAF avait mis en garde les fraudeurs  : « Je serai impitoyable avec eux parce que ça casse ce lien de solidarité. C’est un cancer qui mine la solidarité. » Que les « cancéreux » en question soient pour la plupart issus des classes populaires, qu’un organisme comme la CAF est censé aider à se maintenir la tête hors de l’eau, en dit long sur le virage de plus en plus policier des organismes sociaux. (...)

La fraude, un panel de menues combines pour loosers perpétuels ? Que nenni. Dans son édition du 5 mai 2015, Les Dernières nouvelles d’Alsace nous informe de ce scoop édifiant  : Moussa Coulibaly, agresseur de trois militaires à Nice en février dernier, touchait le RSA à Mulhouse… sans y habiter. Preuve s’il en fallait que du fraudeur au terroriste, la pente est plus glissante qu’il n’y paraît. Face à ce nouveau défi de sécurité et de cohésion nationale, le conseil départemental du Haut-Rhin, gestionnaire du RSA, a déjà promis de multiplier les contrôles.