 
	Depuis  2005,  à  Bordeaux,  la  coop’equita  rassemble  des  petit(e)s
paysans.annes  syndiqué(e)s  à  la  fédération  des  travailleurs.euses  de  la
terre  et  de  l’environnement,  d’autres  syndicalistes  de  la  cnt  et  divers
mangeurs.euses  non  affilié(e)s  autour  d’un  projet  commun  de  coopérative  de
vente  directe  de  produits  sains*  à  un  prix  accessible  au  plus  grand
nombre.
Le  but  de  cette  coopérative  est  avant  tout  la  pratique  de  l’autogestion,  à
travers  la  responsabilisation  des  mang.eur.euse.s,  la  réappropriation  des
outils  de  production  et  la  restauration  des  liens  directs  entre
product.eur.rice.s  et  mang.eur.euse.s.
Samedi  23  juillet,  la  coop’équita  a  subi  un  contrôle.  La  répression  des
fraudes,  intervenue  sur  dénonciation  semble-t-il,  a  forcé  clément  à
souiller  115kg  de  viande  d’agneau  non  estampillés  par  un  abattoir,  une
année  de  travail,  un  gaspillage  scandaleux  dont  la  suite  « répressive »
est  attendue  pour  les  semaines  à  venir.
Accompagnés  de  deux  policiers.ères,  les  deux  inspecteurs.rices  nous  ont
également  fait  casser  4  boites  d’oeufs  (parce  que  le  numéro  d’élevage  ne
figurait  pas  sur  les  oeufs),  et  ont  suspendu  la  vente  de  jus  de  pomme,
confitures,  miel  et  autres  conserves  (pour  défaut  d’étiquetage).
Ils  ont  enfin  prévenu  rita  qu’elle  serait  convoquée  pour  son  activité  de
transformation  de  graines  germées  (sans  justification).
Ce  communiqué  vise  à  mettre  en  avant  que  notre  démarche  se  fonde  dans  la
transparence**  et  la  confiance  réciproque  qui  s’est  installée  entre  les
mangeurs.euses  et  les  producteurs.rices  au  cours  de  nos  échanges
hebdomadaires.
En  tant  que  producteurs.trices  et  en  tant  que  mangeurs.ses  nous  n’avons,
en  effet,  pas  confiance  dans  les  abattoirs  industriels,  dans  les  agences
françaises  de  sécurité  sanitaire,  dans  les  contrôles  sanitaires  et  les
mesures  de  traçabilité  en  général.
Non  seulement  parce  que  ces  mesures  s’appliquent  aux  petits  paysans.annes
et  aux  particuliers  alors  qu’elles  ne  sont  justifiées  que  par  la
production  industrielle***,  mais  aussi  parce  qu’elles  n’ont  pas  permis
d’éviter  de  graves  crises  sanitaires  liées  à  ce  modèle  agro-industriel  ces
dernières  années  (vache  folle,  grippe  aviaire,  E-coli,...).
La  traçabilité****  administrative  qui  prétend  se  substituer  au  lien  humain
est  un  leurre :  elle  fonde  une  sécurité  illusoire  en  nous  dépossédant  de
nos  propres  capacités  d’accompagnement  et  de  gestion.
Elle  est  aussi  un  prétexte  pour  renforcer  au  nom  de  la  "sécurité
alimentaire"  l’emprise  du  système  industriel  sur  nos  vies,  participant
d’une  volonté  de  contrôle  total  (avec  la  multiplication  des  puces
RFID*****,  de  la  biométrie  et  des  nanotechnologies  dans  la  vie  quotidienne
 :  éducation,  alimentation,  transports,  communication,  supports
culturels...  partout  nos  libertés  fondamentales  sont  grignotées  au  fil  des
années,  sans  que  l’on  voie  pour  l’instant  de  réelle  opposition).
Le  puçage  électronique  des  ovins  et  des  caprins,  désormais  obligatoire,  en
est  le  dernier  avatar.
Nous  refusons  cette  couteuse  traçabilité  industrio-normée  considérant
qu’une  production  localisée  et  des  circuits  de  distribution  courts  sont
bien  mieux  à  même  d’assurer  une  sécurité  alimentaire  aux  mangeurs.euses.
Nous  revendiquons  le  droit  de  prendre  nos  responsabilités,  en  tant  que
paysan.annes  éleveur.euse.s  et  en  tant  que  mang.eur.euses,  le  droit  d’être
conscients  de  notre  alimentation  et  de  la  maîtriser  en  direct,  sans
dépendre  d’une  administration  centralisée  déshumanisée  et  à  la  solde  du
secteur  agro-industriel  (dans  l’élaboration  des  normes  notamment).
Nous  revendiquons  le  droit  à  la  confiance  mutuelle  entre  mangeurs.euses  et
éleveurs.euses.
Nous  refusons  le  puçage  de  nos  animaux  et  leur  abattage  dans  les  abattoirs
industriels.
Il  est  clair  que  la  visite  de  contrôle  du  samedi  23  juillet  a  parasité  le
fonctionnement  de  la  coopérative.  Cependant,  celle-ci  ne  nous  a  pas
surpris.ses,  car,  tout  en  déplorant  les  éventuelles  suites  négatives  pour
Coop’équita,  on  assume  notre  démarche  et  on  en  revendique  la  légitimité.
Vous  serez  tenu(e)s  au  courant  des  évolutions  de  cette  affaire,  des
soirées  d’information  (sur  l’alimentation  industrielle  et  le  contrôle
social)  et  de  soutien******  seront  organisées  dans  les  temps  à  venir.
CNT STTE  Syndicat  des  Travailleurs  de  la  Terre  et  de  l’Environnement  Aquitaine
Bordeaux,  juillet  2011
*sains  c’est  à  dire  cultivés  selon  les  principes  de  base  de  l’agriculture
biologique  (avant  qu’elle  ne  soit  récupérée  par  les  industriels),
certifiée  ou  pas.
**la  viande  saisie  avait  été  commandée  par  les  mangeurs.euses  en  toute
connaissance  de  cause,  le  courriel  annonçant  la  livraison  précisait  en
effet  pourquoi  les  animaux  n’étaient  pas  puçés  et  ne  passaient  pas  par
l’abattoir,  en  demandant  aux  personnes  qui  passaient  commande  de
co-assumer  les  risques  liés  à  l’illégalité  de  la  démarche.
***notre  souhait  étant  bien  entendu  de  voir  ce  système  (capitaliste,
industriel,...)  disparaître  au  profit  de  structures  locales  autogérées.
****la  traçabilité  administrative  n’ayant  rien  à  voir  ni  avec
l’identification  du  côté  des  éleveurs.euses  (un  suivi  indispensable  pour
accompagner  au  mieux
ses  animaux),  ni  avec  la  transparence  déjà  évoquée.
*****RFID  Radio  Frequency  Identification,  technologie  qui,  comme  les
pesticides  entre  autres  produits  mortifères,  est  issue  d’applications
militaires.
******  soutien  qui  risque  d’être  nécessaire,  puisque  outre  la  perte  d’une
partie  de  ses  revenus  clément  devra  certainement  faire  face  à  une  grosse
amende
(...) Wikio
