Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
coop’equita
Coop’equita, l’alimentation autogérée en péril ?
CNT STTE Syndicat des Travailleurs de la Terre et de l’Environnement Aquitaine Bordeaux, juillet 2011
Article mis en ligne le 5 août 2011

Depuis 2005, à Bordeaux, la coop’equita rassemble des petit(e)s
paysans.annes syndiqué(e)s à la fédération des travailleurs.euses de la
terre et de l’environnement, d’autres syndicalistes de la cnt et divers
mangeurs.euses non affilié(e)s autour d’un projet commun de coopérative de
vente directe de produits sains* à un prix accessible au plus grand
nombre.
Le but de cette coopérative est avant tout la pratique de l’autogestion, à
travers la responsabilisation des mang.eur.euse.s, la réappropriation des
outils de production et la restauration des liens directs entre
product.eur.rice.s et mang.eur.euse.s.

Samedi 23 juillet, la coop’équita a subi un contrôle. La répression des
fraudes, intervenue sur dénonciation semble-t-il, a forcé clément à
souiller 115kg de viande d’agneau non estampillés par un abattoir, une
année de travail, un gaspillage scandaleux dont la suite « répressive »
est attendue pour les semaines à venir.
Accompagnés de deux policiers.ères, les deux inspecteurs.rices nous ont
également fait casser 4 boites d’oeufs (parce que le numéro d’élevage ne
figurait pas sur les oeufs), et ont suspendu la vente de jus de pomme,
confitures, miel et autres conserves (pour défaut d’étiquetage).
Ils ont enfin prévenu rita qu’elle serait convoquée pour son activité de
transformation de graines germées (sans justification).

Ce communiqué vise à mettre en avant que notre démarche se fonde dans la
transparence** et la confiance réciproque qui s’est installée entre les
mangeurs.euses et les producteurs.rices au cours de nos échanges
hebdomadaires.

En tant que producteurs.trices et en tant que mangeurs.ses nous n’avons,
en effet, pas confiance dans les abattoirs industriels, dans les agences
françaises de sécurité sanitaire, dans les contrôles sanitaires et les
mesures de traçabilité en général.
Non seulement parce que ces mesures s’appliquent aux petits paysans.annes
et aux particuliers alors qu’elles ne sont justifiées que par la
production industrielle***, mais aussi parce qu’elles n’ont pas permis
d’éviter de graves crises sanitaires liées à ce modèle agro-industriel ces
dernières années (vache folle, grippe aviaire, E-coli,...).

La traçabilité**** administrative qui prétend se substituer au lien humain
est un leurre : elle fonde une sécurité illusoire en nous dépossédant de
nos propres capacités d’accompagnement et de gestion.
Elle est aussi un prétexte pour renforcer au nom de la "sécurité
alimentaire" l’emprise du système industriel sur nos vies, participant
d’une volonté de contrôle total (avec la multiplication des puces
RFID*****, de la biométrie et des nanotechnologies dans la vie quotidienne
 : éducation, alimentation, transports, communication, supports
culturels... partout nos libertés fondamentales sont grignotées au fil des
années, sans que l’on voie pour l’instant de réelle opposition).
Le puçage électronique des ovins et des caprins, désormais obligatoire, en
est le dernier avatar.

Nous refusons cette couteuse traçabilité industrio-normée considérant
qu’une production localisée et des circuits de distribution courts sont
bien mieux à même d’assurer une sécurité alimentaire aux mangeurs.euses.

Nous revendiquons le droit de prendre nos responsabilités, en tant que
paysan.annes éleveur.euse.s et en tant que mang.eur.euses, le droit d’être
conscients de notre alimentation et de la maîtriser en direct, sans
dépendre d’une administration centralisée déshumanisée et à la solde du
secteur agro-industriel (dans l’élaboration des normes notamment).
Nous revendiquons le droit à la confiance mutuelle entre mangeurs.euses et
éleveurs.euses.
Nous refusons le puçage de nos animaux et leur abattage dans les abattoirs
industriels.

Il est clair que la visite de contrôle du samedi 23 juillet a parasité le
fonctionnement de la coopérative. Cependant, celle-ci ne nous a pas
surpris.ses, car, tout en déplorant les éventuelles suites négatives pour
Coop’équita, on assume notre démarche et on en revendique la légitimité.

Vous serez tenu(e)s au courant des évolutions de cette affaire, des
soirées d’information (sur l’alimentation industrielle et le contrôle
social) et de soutien****** seront organisées dans les temps à venir.

CNT STTE Syndicat des Travailleurs de la Terre et de l’Environnement Aquitaine
Bordeaux, juillet 2011

*sains c’est à dire cultivés selon les principes de base de l’agriculture
biologique (avant qu’elle ne soit récupérée par les industriels),
certifiée ou pas.

**la viande saisie avait été commandée par les mangeurs.euses en toute
connaissance de cause, le courriel annonçant la livraison précisait en
effet pourquoi les animaux n’étaient pas puçés et ne passaient pas par
l’abattoir, en demandant aux personnes qui passaient commande de
co-assumer les risques liés à l’illégalité de la démarche.

***notre souhait étant bien entendu de voir ce système (capitaliste,
industriel,...) disparaître au profit de structures locales autogérées.

****la traçabilité administrative n’ayant rien à voir ni avec
l’identification du côté des éleveurs.euses (un suivi indispensable pour
accompagner au mieux
ses animaux), ni avec la transparence déjà évoquée.

*****RFID Radio Frequency Identification, technologie qui, comme les
pesticides entre autres produits mortifères, est issue d’applications
militaires.

****** soutien qui risque d’être nécessaire, puisque outre la perte d’une
partie de ses revenus clément devra certainement faire face à une grosse
amende

(...) Wikio