
Parfois les apparences sont trompeuses. Et lorsque des banques se présentent comme éthique et solidaire, on découvre qu’elles financent des partis politiques comme l’UMP et que leur activité de crédit ne diffère pas tellement des autres. Et si l’on se passait de crédit ?
Rien n’était laissé au hasard. Je me trouvais devant la fleur d’une magnifique plante carnivore, aboutissement de millions d’années d’évolution dans le seul but de paraître ce qu’elle n’était pas. J’étais dans le bureau d’une conseillère du Crédit Coopératif pour ouvrir un compte courant.
Sur son bureau, dispersés négligemment, des dépliants de diverses ONGs, Agir contre la faim, vous voyez le genre. Au mur, un calendrier de Médecins sans frontière, ou WWF, ou je ne sais quelle autre admirable organisation. (...)
L’année dernière, une information dans un article de Rue89 a attiré mon attention. L’article parle des difficultés financières rencontrées par l’UMP pour payer ses dettes. "Si elle veut garder son QG, l’UMP a donc un peu plus de quatre ans pour rembourser 55 millions d’euros, sans compter les intérêts. Si elle n’y parvient pas, les quatre banques concernées se partageront l’immeuble, à proportion de leurs prêts respectifs : - (...) - Crédit Coopératif : 5 millions."
Quelle surprise ! J’ouvre donc sur le site du Crédit Coopératif voir plus précisément ce qu’ils appellent "financer l’économie solidaire", et vais sur la page "Une gestion raisonnable". Les informations confirment que le Crédit Coopératif est une banque absolument éthique et solidaire : "Le Crédit Coopératif accompagne des associations, fondations, congrégations, syndicats... grandes ou petites structures, qu’elles agissent localement ou aient une vocation internationale, elles font la preuve de leur utilité, dans tous les secteurs d’activité. Elles sont bien souvent proches de l’intérêt général."
L’auteur de ce texte semble avoir oublié de citer, après les syndicats, les partis politiques. Après tout, pourquoi pas ? Le Front National aussi a certainement besoin de temps à autre d’emprunter, il faut bien que quelqu’un s’y colle... A moins que ce prêt soit un crédit pour le logement ?
L’UMP était alors dans une situation difficile, on comprendra qu’ils avaient besoin d’aide pour se loger, tout comme les sans-abri et sans-domicile. Heureusement qu’il y a une banque sociale pour financer l’UMP ! (...)
J’espère que Pierre Rabhi et son association Terre et Humanisme savent bien ce qu’ils font en s’associant avec le Crédit Coopératif.
Ce mois-ci, la NEF devrait voter lors d’une Assemblée Générale Extraordinaire la création de sa banque. Jusqu’à présent dépendante du Crédit Coopératif pour toutes ses opérations bancaires, la NEF aura alors le droit d’exercer une activité et des opérations bancaires, à l’instar de toute autre banque. Il reste à espérer que dans son projet de banque éthique, la NEF saura éviter les pièges dans lesquels est tombé le Crédit Coopératif...
Financer un projet sans banque et sans crédit
Le crédit tel qu’il est pratiqué aujourd’hui est une maladie de l’économie qui se répercute dans toutes les sphères de la société. (...)
Actuellement, je mets sur pied un projet de ferme en agriculture vivrière. Et pour ce faire, je n’ai pas plus l’intention de me financer auprès du Crédit Coopératif que d’une autre banque. Pourquoi ? Pour ma ferme, si j’emprunte, je devrai être toujours plus productif, plus rentable, vendre toujours plus, etc., pour être en mesure d’honorer ma signature.
Je devrai non seulement générer un revenu de subsistance pour moi-même, mais aussi payer le crédit et ses intérêts, tout cela dès le lancement de ma ferme ! Dans ce genre de situation, la rentabilité et la productivité se font au détriment de la qualité de mes produits et de mes principes éthiques.
Alors, pour monter mon projet, je m’auto-finance. J’ai réuni une petite somme d’argent en travaillant. La famille et les proches peuvent aussi aider, pas seulement financièrement : coup de main, soutien psychologique, prêt de matériel, transmission de savoirs. Plutôt que de faire un crédit et de lancer un projet sur les chapeaux de roues, avec des objectifs herculéens et une rentabilité à court terme, je préfère rester modeste et commencer petit. (...)
Si tout se passe bien, le projet pourra grossir, progressivement et dans des proportions raisonnables, en fonction de l’argent qu’il aura généré. On évitera ainsi de contribuer à l’enrichissement de nos chers banquiers et de prendre beaucoup de risques, tout en économisant de l’argent.
Car en plus de payer des intérêts monstrueux à la banque, si mon projet venait à échouer, je serais alors condamné à payer mon créit jusqu’à ce qu’il soit totalement remboursé. Sans crédit, je suis libre. Demain, je peux arrêter ma ferme, prendre deux années sabbatiques pour faire le tour du monde, changer de métier, disparaître. Personne ne viendra me demander de comptes.
Aujourd’hui, je ne risque rien et j’entends pousser les radis.