
Le milliardaire breton avait négocié avec le Parquet national financier un plaider-coupable assorti d’une simple amende de 375 000 euros, dans une affaire de corruption en Afrique. Mais le tribunal de Paris a refusé, vendredi 26 février, d’homologuer cet accord, jugé trop favorable à Vincent Bolloré.
C’est un camouflet pour Vincent Bolloré et le Parquet national financier. Le tribunal judiciaire de Paris a refusé, vendredi 26 février, de valider la procédure de plaider-coupable qui avait été négociée entre le milliardaire breton et les procureurs, afin de solder une enquête judiciaire ouverte en 2012 sur la corruption présumée par Bolloré de deux présidents africains, en échange de la prolongation de la concession portuaire du port de Lomé.
Vincent Bolloré avait réussi à négocier une amende de 375 000 euros, alors que le délit de corruption, qu’il a reconnu à l’audience, est passible d’un maximum de dix ans de prison. La présidente de la chambre correctionnelle, Isabelle Prévost-Desprez, a jugé que cette peine était insuffisante au vu de la gravité des faits et de la personnalité éminente de Vincent Bolloré, 17e fortune de France, qui contrôle le groupe Vivendi, ses filiales Canal+ et CNews, le groupe de communication Havas et un empire logistique en Afrique. (...)
Le dossier sera donc retourné aux juges d’instruction. Il leur appartient désormais de renvoyer ou non le milliardaire, qui est mis en examen, devant un tribunal correctionnel, en vue d’un procès public. (...)
C’est la première fois que le tribunal désavoue ainsi le Parquet national financier dans le cadre d’une telle procédure de plaider-coupable. D’ordinaire, l’audience de validation est une simple formalité. Me Baratelli, l’avocat de l’homme d’affaires, se félicitait, en entrant dans la salle d’audience, d’une issue « extrêmement satisfaisante » : « Vous ne voyez pas les sourires à cause du masque mais on peut les deviner. »
Mais rien ne s’est passé comme prévu. (...)
La pilule est amère pour Vincent Bolloré, qui vient donc de reconnaître publiquement sa culpabilité sans bénéficier du compromis négocié avec le PNF. Cet aveu est d’autant plus significatif que le milliardaire breton est d’ordinaire très chatouilleux au sujet de son honneur. Il a multiplié les procédures judiciaires « bâillons » contre les journalistes qui osent enquêter sur ses activités africaines, dont ceux de Mediapart (lire ici), au point d’avoir été condamné pour une procédure abusive intentée contre un journaliste de Radio France.
Après avoir nié toute responsabilité lors de l’enquête judiciaire, il a finalement accepté de l’« assumer ». Probablement parce que l’enquête judiciaire, dont le contenu a été révélé par Le Monde, apparaît comme solide. (...)