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Cosmos, narcisses, dahlias... En Île-de-France, le renouveau écologique des fermes florales
Article mis en ligne le 25 avril 2021
dernière modification le 24 avril 2021

Finies les fleurs produites à l’autre bout du monde, bourrées de pesticides... En Île-de-France, des horticulteurs relocalisent la culture et renouent avec la tradition des fermes florales.

(...) Les indications pour trouver la Ferme florale de Félix Romain et Tran-Phi Vu a des airs de jeu de piste. Rien ne laisse penser que des fleurs poussent ici, au pied de l’hôpital Robert-Debré, qui jouxte le périphérique nord. Construit dans les années 1980, le bâtiment avait pourtant été pensé pour être végétalisé, mais rien n’avait été mis en place. Jusqu’à aujourd’hui. « On nous a mis à disposition les terrasses pour expérimenter une microferme florale », dit à Reporterre le cofondateur Félix Romain. « Le projet n’a aucun lien avec l’hôpital, il s’agit de produire des fleurs, avec une démarche la plus vertueuse possible et avec les contraintes de l’agriculture urbaine. » Ainsi, 850 m2 de cosmos, narcisses, dahlia, calendula et autres tulipes sont cultivées sur les toits de l’hôpital parisien, dans le 19e arrondissement.

Comment les deux hommes, qui se sont rencontrés à l’école d’horticulture du Breuil, en sont-ils arrivés à se lancer dans la culture de fleurs coupées ? « Il y a tous ces débats autour de l’impact carbone des fleurs et de leur origine rarement française », dit Félix Romain. « On cherchait un projet en agriculture urbaine pour expérimenter les techniques d’agroécologie. (...)

« On travaille avec une grande diversité de fleurs pour favoriser la biodiversité ainsi que la rotation des sols », détaille Félix Romain. (...)

Renouer avec la tradition horticole de l’Île-de-France

En ce mois de mars, c’est surtout le temps des semis, réalisés sous une serre en forme de yourte — soit 6.000 plants pour les fleurs annuelles — même si quelques fleurs font déjà leur apparition. Les horticulteurs avaient également prévu l’organisation de visites et d’ateliers pédagogiques, mais la crise sanitaire ne l’a pas permis et a déstabilisé leur modèle économique. « Nos débouchés, ce sont les fleuristes ainsi que les particuliers, car la partie "bouquets" nous intéresse aussi beaucoup », dit Félix Romain. « C’est l’avantage de la ville, on est proche des consommateurs pour vendre en bouquets. » Du coup, ils ne peuvent pas satisfaire toute la demande. (...)

En France, seul 1 % des fleurs coupées est produit dans l’hexagone. La production est en très grande majorité néerlandaise ou étrangère, et les alternatives encore rares. (...)

En Île-de-France en revanche, les projets se multiplient, et renouent avec la tradition horticole de la région. (...)

Les gens ont oublié comment on cultive les fleurs. Avoir une ferme florale à côté de chez eux leur permet de venir voir, de comprendre et de se reconnecter avec la nature. » (...)

Relocaliser la production, c’est également créer des emplois et valoriser une filière horticole qui décline face à la concurrence internationale. C’est l’un des enjeux des Fleurs d’Halage : développer une filière de la fleur française en prenant en compte les enjeux sociaux et environnementaux. (...)

« La filière de la fleur est une aberration à cause des pesticides et des émissions de carbone qu’elle implique. Ici, c’est une production écologique. Le compost et la diversification des espaces redonnent vie au sol. » Le projet d’horticulture permet aussi de valoriser les savoirs et compétences des salariés en insertion. (...)

Si la filière de fleurs locales est encore discrète en Île-de-France, l’idée germe un peu partout, jusqu’au triangle de Gonesse. À la suite de l’abandon du projet du complexe Europacity, le groupement associatif Carma souhaite réimplanter un projet horticole, là où des champs de tulipes s’étendaient il y a quelques années encore.