
En achevant son examen en seconde lecture du projet de loi sur la transition énergétique dans la nuit du 15 au 16 juillet, le Sénat a interdit toute coupure d’eau ou « lentillage » (la réduction de débit), en rejetant un amendement déposé par M. Charles Revet, sénateur (LR) de la Seine-Maritime, et vice-président de la FNCCR, qui visait à autoriser le « lentillage », consécutivement à la décision du Conseil constitutionnel, saisi d’une QPC sur les coupures d’eau. Mais le "lentillage" va bel et bien être rétabli par l’Assemblée nationale, à l’issue d’un tripatouillage qui n’honore pas ses auteurs.
Soit voter le « lentillage », un dispositif aussi inepte techniquement qu’indéfendable sur le plan de l’éthique. Soit camper sur le « No coupures, no lentillage », au risque de voir le montant de la facture d’eau augmenter partout et pour tout le monde, en réponse à des gesticulations ineptes et intéressées, qui ont eu pour résultat d’aggraver encore une question avant tout sociale, dont la résolution ne peut peser sur les seuls services d’eau.
La « petite loi » que doit examiner l’Assemblée nationale en lecture définitive à dater du 22 juillet 2015, reprend en effet « l’amendement Brottes » originel, qui stipule que :
Article 60 bis A
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"Le troisième alinéa de l’article L. 115-3 du code de l’action sociale et des familles est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Ils peuvent procéder à une réduction de débit, sauf pour les personnes ou familles mentionnées au premier alinéa du présent article. »
Issue prévisible d’une partie de poker menteur dans un théâtre d’ombres dont les protagonistes, rebelles d’opérette et gardiens du temple s’entendent comme larrons en foire pour préserver leurs intérêts bien compris.
C’est en effet lors d’un discret cocktail organisé il y a un mois dans les nouveaux locaux de la Fondation France Libertés (après la vente de ses locaux historiques), que François Brottes, le député (PS) de l’Isère, et auteur de l’amendement établissant le lentillage en a négocié le principe avec ses interlocuteurs. Epilogue provisoire d’une affaire en tous points lamentable, comme nous n’avons cessé de l’écrire jusqu’à ce que cet épilogue nous conforte dans notre analyse.
Rappel des faits. (...)