
La généralisation du passe sanitaire déclenche de vives réactions depuis une semaine. Entre opposition aux vaccins et défense des libertés individuelles, 18 000 personnes ont protesté dans la confusion, à Paris, ce samedi. Qui sont-elles ? Éléments de réponse.
À 14 heures, ce samedi 17 juillet, trois groupes manifestaient place de la République, à Paris. En plus de l’hommage au président haïtien et de la manifestation de Kabyles opposés au gouvernement algérien, quelques centaines de personnes se regroupent au cri de « liberté ! », pour protester contre l’instauration du passe sanitaire. Porteurs de gilets jaunes, de pancartes « Non au paSS nazitaire » ou encore adeptes de la secte Hare Krishna se retrouvent une demi-heure à peine, avant d’être dispersés par la police. Ils empruntent alors le métro, direction la place du Palais-Royal pour la manifestation, plus massive (18 000 participants selon la police) « pour la liberté et contre le passe sanitaire », organisée par l’ex-frontiste Florian Philippot et son mouvement les Patriotes.
Au total, 114 000 personnes ont manifesté, samedi, dans tout le pays. Bien plus nombreuses que lors des manifestations pour l’hôpital public en 2020, elles ont exprimé leur opposition au passe sanitaire, annoncé par Emmanuel Macron en début de semaine dernière. La mesure s’apprête à contraindre les Français à se faire vacciner pour accéder à de nombreux services, lieux et événements. Dans le cortège, les profils sont disparates : certains protestent contre les restrictions sanitaires en général, d’autres contre les vaccins, d’autres encore contestent la légitimité du dispositif de contrôle bientôt mis en place dans les lieux recevant du public. (...)
Les comptes sur les réseaux sociaux d’opposants aux vaccins et à la « dictature sanitaire » sont en ébullition, depuis l’allocution présidentielle du 12 juillet. Sur Facebook, le groupe « anti-pass sanitaire » réunit 150 000 membres, en constante augmentation. Ils s’y échangent des informations sur les rassemblements, s’inquiètent des droits que pourront exercer les personnes non vaccinées et raillent une « propagande » organisée par les grands médias. Cette grande confusion, aux accents complotistes et antivax, se retrouve dans la rue. Certaines pancartes multiplient les références au « nouvel ordre mondial », dénoncent l’« apartheid » des non-vaccinés, ou n’hésitent pas à comparer leur situation à celle des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale : certains manifestants arborent même une fausse étoile jaune pour marquer leur appartenance à une communauté discriminée. Jusque-là cantonnées à Internet, les fausses informations sont reprises sur les pancartes et dans les conversations. Pour certains, l’ARN est destiné à modifier la génétique. (...)
Les allusions à la Résistance durant l’occupation allemande reviennent régulièrement sur les drapeaux français floqués d’une croix de Lorraine comme dans les conversations. À coups de « Macron démission ! », le défilé prend des airs de manifestation de gilets jaunes. (...)
À Nantes, le même jour, 2 000 personnes, dont des gilets jaunes revendiqués, défilaient conjointement contre « les mesures liberticides et antisociales de Macron ». Un rassemblement dispersé sous l’effet du gaz lacrymogène.
Fleurs de lys et drapeaux français
Depuis plus d’un an que l’exécutif est confronté à la pandémie, les revirements se multiplient à la tête de l’État. (...)
l’ex-numéro 2 du Front national, Florian Philippot, mène la marche aux côtés de l’ancien candidat à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan et de l’ancienne députée de la majorité, Martine Wonner, connue pour son opposition aux masques et aux vaccins. Pour clore la manifestation, la tête de cortège prend la parole aux abords du ministère de la Santé. Pendant vingt minutes, l’initiateur de la manifestation conspue « Macron le psychopathe, Macron le tyran, Macron le fou ». Une Marseillaise résonne, les lys et les drapeaux français s’agitent aux côtés d’étendards chéris par l’extrême droite, comme ceux de la Flandre ou de la Vendée. Au pied d’un barnum orange, couleur du mouvement de Philippot, une table d’adhésion attire quelques dizaines de personnes, stylo à la main.