
Ne tournons pas autour du pot. Faut-il ou non continuer le Front de gauche avec les partis qui l’ont créé ? Il faut d’abord répondre à cette question pour se demander ensuite s’il faut l’élargir, le refonder, le dynamiser, l’enrichir, ou ne sais-je quoi encore. Pour ma part, je réponds oui pour les mêmes raisons que celles qui, au lendemain de l’élection présidentielle de 2007, ont poussé à sa création. Quelles sont-elles ?
Tout simplement celles qui reposent sur la volonté de conserver une perspective de transformation sociale pour ce pays, de ne pas voir mourir l’idée de révolution, de pouvoir continuer à penser une « utopie révolutionnaire », comme disait le regretté Albert Soboul. Car, avec l’affaiblissement continu de notre parti, nous ne voulions pas que sonne le glas d’une telle perspective alors qu’en 2005 le rassemblement pour le non de gauche au TCE était au contraire très prometteur.
Le Front de gauche et la démarche politique qui ont conduit à sa création restent-ils valables aujourd’hui ? J’ai envie de dire plus que jamais pour qui veut transformer vraiment la réalité. Cela suppose donc d’abandonner toute illusion sur cette réalité ou tout renoncement à vouloir la changer, ce qui reviendrait de facto à s’accommoder au mieux de ce qu’il n’est plus possible de changer et donc de se résigner à l’aménager. Illusion et résignation qui peuvent d’ailleurs se conjuguer parfaitement avec l’idéalisation d’un PCF virtuel.
Pour que le PCF soit utile à autre chose qu’à lui-même, il doit être utile à la transformation de la société. Et pour cela il faut croire cette transformation possible et le vouloir en tant que force politique. Ce qui se traduit en termes politiques par le choix de se mettre au service de cette transformation et d’en décliner les conséquences concernant le rapport de forces et les alliances politiques sans a priori, et en faisant passer l’esprit de boutique au second plan. (...)