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Crise des céréales : « Après les subprimes, on spécule sur la nourriture »
Article mis en ligne le 5 septembre 2012
dernière modification le 1er septembre 2012

Depuis juillet, les prix des céréales flambent. On accuse la sécheresse, mais pour Aurélie Trouvé d’Attac France, cette crise a des responsables.

(...) Aujourd’hui, les prix intérieurs ne sont plus stables et protégés dans chaque pays, ils suivent du coup les prix mondiaux. Or, ces prix mondiaux sont de plus en plus volatiles.

Ils ne sont pas fixés en fonction de l’offre et de la demande dans tous les pays du monde. Ce n’est pas une moyenne des prix. Les prix mondiaux sont déterminés par la petite partie de la production qui est exportée dans le monde.

Or, sur ces marchés agroalimentaires, il y a des très gros acteurs qui sont capables d’influencer très fortement les prix, qui ne correspondent pas à l’état de l’offre et de la demande réelle.

Concernant certains produits comme les céréales ou le maïs, la spéculation joue en outre une influence décisive sur les prix. (...)

Il existe ce qu’on appelle des « marchés à terme » : ce ne sont pas des marchés agricoles, sur lesquels on s’échange des marchandises ; ce sont des marchés financiers qui existent en parallèle, sur lesquels on s’échange des papiers.

Ces marchés à terme existent depuis le XIXe siècle. C’était au départ une sorte d’assurance pour les agriculteurs. Cela leur permettait de vendre leur production à un prix fixé préalablement à la récolte. En cas de chute des cours au moment de la moisson, ils étaient protégés. En cas de flambée, les investisseurs enregistraient un profit.

Cela a fonctionné jusqu’au début des années 90. Des agriculteurs, des coopératives, des négociants utilisaient ces marchés à terme. Les prix étaient fixés en fonction des « fondamentaux de marché », c’est-à-dire des anticipations de l’offre et de la demande physiques.

Et puis, peu à peu, de plus en plus de spéculateurs purs se sont mis à investir sur ces marchés : des intervenants qui, à aucun moment, ne vendent ni n’achètent de produits agricoles, qui ne vendent que des produits dérivés pour faire de la spéculation financière. (...)

Par ailleurs, comme les marchés de l’immobilier et de l’Internet se sont cassé la figure, les spéculateurs se sont reportés vers les marchés à terme agricoles, considérés comme plus sûrs. Après les subprimes, on spécule sur la nourriture.

A tel point que des bulles se sont formées, et ont éclaté. C’est ce qui s’est passé en 2008, c’est ce qui a mené aux révoltes de la faim. (...)

Les Etats-Unis ont de nouveau régulé les prix agricoles a partir des annees 2000, avec des mécanismes qui permettent aux agriculteurs de stabiliser leurs revenus. Les quotas et les protections aux frontières ont également été renforcés.

L’Inde ou le Brésil reprennent également des mécanismes de régulation de produits agricoles.

L’Union européenne, elle, continue à déréguler. (...)