
(...) La saison touristique a été bien bonne aux dires de tous. Les îles, peuvent alors retourner dans leur carapace de l’hiver. C’est presque fait accompli, la brutalité de la dégradation des conditions météorologiques occupe d’ailleurs tous les esprits. Hiver en vue.
Mais avant, et cela jusqu’à cette fin d’octobre, les derniers touristes fréquentent encore ces lieux, sous le regard désormais détaché des habitants
(...) Les touristes autant anonymes et tardifs de cet automne, ont forcement croisé les enfants actuels des écoles de Naxos, lorsque ces derniers finissent souvent leurs journées plus tôt que prévu. “Nous gardons souvent la boutique de notre maman vers midi. Nous terminons l’école bien avant l’heure réglementaire. Au début de l’année scolaire, huit enseignants manquaient à notre établissement, à présent, cinq postes d’enseignants n’ont toujours pas été pourvus. Nous n’avons pas du tout de cours d’anglais, de français, de biologie, de physique tout comme de lettres modernes. Selon notre directeur, les remplaçants contractuels arriveront vers Noël, mais personne ne le sait à vrai dire.” Paroles de deux adolescents d’un village de Naxos à l’heure du troisième café. Automne dans les îles et hiver déjà... dans les écoles ou dans les merceries des leurs parents. (...)
Moments même remarquables d’un temps pourtant venteux et cela, jusqu’à la tempête. Les valeureuses participantes à la coopérative féminine au beau village d’Aperanthos, perché sur les montagnes de Naxos, travaillent toujours et encore leurs métiers à tisser et ce n’est d’abord pas qu’une attirance destinée au regard de l’étonnant voyageur ou même du touriste.
Ces femmes comptabilisent leurs heures de travail et par la suite elles seront rémunérées trois euros de l’heure, à condition pourtant que les tissus, habits et autres sacs façonnés seront vendus. Ce qui n’est pas toujours le cas. Sauf que la coopérative est avant tout, un lieu de sociabilité féminine, d’échange et d’entraide. (...)
“Autrefois, les gens et d’abord les jeunes... résistaient-ils davantage. Et pourtant, les temps étaient bien durs. Je ne sais plus expliquer pourquoi ni comment. Puis, cette récente réforme territoriale (elle date de 2010, accompagnant... le premier mémorandum) obligeant les communes à se grouper, c’est une mise-à-mort calculée. Nous avons perdu nos dernières miettes d’autonomie que nous possédions. Manólis, s’était bien battu pour que notre bourg soit exempté de cette réforme, en vain. Les maires d’en bas composent avec les autres pouvoirs sans nous et parfois contre nous. Nous ne sommes même plus informés des décisions. Que faire alors ? Je crois pourtant que comme par le passé, nous finirons par trouver le chemin de la patience en préservant si possible notre esprit ainsi que nos forces afin de survivre collectivement jusqu’aux jours meilleurs. Sinon... je ne sais plus”. (...)
Dans le village, le visiteur attentif s’attarderait un instant devant la façade d’une maison, ou plutôt d’un café ouvert seulement l’été, sa façade est comme décorée à la manière des portraits du Fayoum, classification de portraits funéraires peints datés de l’Égypte romaine, un exceptionnel ensemble de peintures antiques, remarquables tant par leur qualité artistique que par leur signification.