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L’ Humanité
De fralib à ScopTI ? L’ été studieux et combatif d’une bande d’irréductibles
Article mis en ligne le 7 septembre 2013

Gémenos, 
(Bouches-du-Rhône), envoyé spécial. La lutte des salariés qui va bientôt atteindre 
ses trois années persiste et signe : 
faire payer Unilever 
et concrétiser 
le projet alternatif 
de Société coopérative 
ouvrière provençale de thés et infusions.

En cette journée radieuse d’août qui incite à la sieste ou à la plage, les membres de la commission emballage et marketing de ce qui pourrait être la Société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions (ScopTI) sont réunis dans une grande salle qui jouxte la cantine où l’on sert chaque jour des repas offerts par la mairie d’Aubagne. Au mur, des dessins d’éléphants réalisés par les enfants des 72 Fralibiens qui ne se résignent pas depuis bientôt trois ans à la mort de leur usine ­Lipton-Éléphant délocalisée par la multinationale Unilever. La ­commission compte un absent qui a pu prendre avec sa famille quelques jours de congé grâce à la solidarité du CE d’une grande entreprise. À l’ordre du jour : le choix d’un slogan à inscrire sur les premières boîtes d’infusion qui pourraient sortir des machines cédées l’an dernier par Unilever au collectif des salariés et entretenues depuis avec soin. (...)

D’autres commissions ont été mises sur pied depuis début août, préfigurant ce que pourrait être la structure technique de la ScopTI. L’une d’entre elles se dénomme ­diversification de l’activité, sachant que l’équilibre financier du projet alternatif de reprise de l’activité est basé sur une production annuelle de 1 000 tonnes d’infusions aux arômes naturels. La matière première serait fournie en partie par des producteurs régionaux tandis que le thé brut pourrait provenir du Vietnam et de Chine où des contacts ont été établis, ainsi que des entrepôts… d’Unilever. Il faudrait d’ailleurs enfin un bon coup de main du gouvernement, dans le cadre de négociations que l’intersyndicale CGT-CGC appelle toujours de ses vœux, pour que la multinationale accepte de fournir des volumes de matières premières nécessaires au redémarrage de l’usine (...)

Au cœur du projet alternatif des Fralibiens, la remise à l’honneur des filières bio régionales. Dans ce domaine des plantes aromatiques et médicinales, «  de grandes avancées ont été faites  », indique Gérard Cazorla, autre cheville ouvrière de la ScopTI. À Trets (Bouches-du-Rhône), des producteurs de thym se sont manifestés, et à Buis-les-Baronnies (Drôme), des rencontres ont eu lieu avec des producteurs de tilleul. Mais il y a encore loin de la tasse ­d’infusion aux lèvres du consommateur car ces filières d’approvisionnement en produits naturels ont été abandonnées par Unilever. Il faudra plusieurs années pour les reconstituer. (...)

le comité d’entreprise et les syndicats de Fralib attendent avec intérêt le ­jugement, le 15 octobre prochain, du TGI de Nanterre sur la non-application par Unilever de la décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence qui obligeait, en février dernier, la multinationale à annuler tous les licenciements. «  Un comportement inacceptable  », dit, toute colère retenue, l’un de ces irréductibles de Fralib, obligé pour survivre de pointer à Pôle emploi, alors qu’il n’est, selon la justice, pas licencié ! Les 54 Fralibiens qui ne sont ni salariés protégés ni en congé maladie n’auraient d’ailleurs pas pu tenir le coup, ces derniers mois, sans la solidarité éléphantesque qui s’est exprimée de toutes parts. Depuis mars dernier, ils sont en effet privés de salaire par la direction d’Unilever qui considère qu’elle n’a plus de responsabilités à assumer dans l’entreprise occupée. (...)