
(...) Il existe trois espèces sur la planète capables de chanter : les oiseaux, les humains et les baleines. Ces dernières n’ont pas toutes la possibilité d’émettre des vocalises, seules les baleines à bosse, les baleines bleues et les baleines franches, chantent et parfois pendant des jours entiers sans s’arrêter... Mais d’où viennent ces chants ?
C’est ce qui différencie les baleines à bosse des 90 autres espèces de cétacés qui émettent aussi des sons (utilisés notamment pour des interactions sociales), mais pas de manière répétitive, ou avec des leitmotiv (phrases musicales). Aussi, la baleine contrôle son chant : elle peut envoyer plus ou moins d’air, faire des sons plus ou moins aigus, et elle est consciente de ce qu’elle émet. (...)
Depuis les années 70, des chercheurs et chercheuses tentent donc d’analyser ces chants. Et l’heure est encore aux découvertes. C’est en tout cas ce qu’a expérimenté l’été dernier Aline Pénitot, compositrice et documentariste : « J’ai fait une découverte de relation timbrale entre le basson et les chants de la baleine à bosse », avance-t-elle. Elle a donc composé et mixé des sons avec la bassoniste Sophie Bernado pour reproduire le chant des cétacés et le diffuser dans l’océan, au large de La Réunion, en compagnie d’Olivier Adam.
« Elles ont répondu. Elles ont changé la structure de leurs chants, et après un moment un peu long, elles ne font plus que des sons pulsés. »
Le résultat était au-delà de leurs attentes. (...)
Mais l’expérience ne s’arrêtait pas là, en plus des compositions pour basson, Aline Penitot a diffusé Litany for the whale de John Cage et un de ses coups de cœur musicaux « pour les remercier de ce moment » : Ondas Do Mar de Vigo de Martin Codax, un chant du XIIe siècle interprété par Bifi Viva Biancaluna. « Une sorte de litanie galicienne portée à l’océan. Et là, quand j’ai diffusé ce chant, il y a eu trois fois la même réponse : elles arrêtaient les leitmotiv et elles se calaient en ronronnant sur la musique », raconte la compositrice. (...)