
Et si la santé passait d’abord par le fait de bénéficier de conditions de vie décentes ? C’est le pari de La Case de Santé, un centre de santé communautaire et autogéré, installé dans un quartier populaire à Toulouse.
Favoriser l’auto-organisation
L’association se revendique de la santé communautaire. « On veut agir sur ce qui crée les inégalités sociales de santé et penser la santé de manière globale en ayant, dès la première rencontre, un regard sur les conditions de vie de la personne », résume Aurélie, coordinatrice de la Case. (...)
Ghalem, un quasi-quinqua qui est venu ce jour-là pour faire renouveler son arrêt maladie, se présente comme le « cuisinier » de la Case. Il est aux fourneaux lors des repas partagés ouverts aux usagères et usagers du centre et du quartier. Ici, il vient chercher bien plus que des ordonnances. Il fait partie du « collectif des étrangers malades » qui propose entraide et informations notamment autour de l’accès aux soins pour les personnes étrangères (...)
Comme beaucoup d’employées de La Case, Doum est venu.e [3] ici parce que l’association défend des valeurs antiracistes et féministes et porte un projet de transformation sociale. (...)
« Notre engagement anticapitaliste est sous-entendu, précise Samah, généraliste depuis dix ans dans ce centre. On parle d’inégalités sociales de santé car c’est le langage institutionnel mais derrière ça il faut entendre anticapitalisme, antiracisme, anti-homophobie », avance-t-elle. Avec ses collègues, elle ne soigne pas que des bronchites, des dépressions ou du diabète, mais aussi la résignation et l’impuissance. (...)
Pas de chef
À la Case, la politique est partout, même dans les relations de travail. Depuis ses débuts, le centre de santé fonctionne en autogestion. Toutes les décisions importantes comme le recrutement, le niveau des salaires — de 1934 euros à 3471 euros bruts —, l’entrée en grève, les dépenses importantes ou le démarrage d’un nouveau projet sont prises par l’ensemble du collectif de travail. Ici, pas de chef pour vérifier la ponctualité ou la productivité. La responsabilité du bon fonctionnement du centre est répartie sur les trente paires d’épaules des salariées.. (...)
Personne ne songe à remettre en question l’autogestion, mais tout le monde s’accorde pour dire que c’est usant. (...)
une situation de précarité permanente. (...)
En 2018, le militantisme assumé de la Case lui a coûté une subvention de la préfecture. (...)
Dans le sillage de La Case, d’autres centres de santé communautaires ont ouvert et se sont mis en réseau à Saint-Denis, Échirolles, Marseille, ou encore Rennes. (...)
La Case participe à une expérimentation portée notamment par le ministère de la Santé et chargée de définir un modèle économique pour les centres de santé dits « participatifs ». Le bilan de cette expérimentation, fin 2023, sera déterminant pour l’avenir de l’association et de la santé communautaire en France. (...)