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Dans le calme, à Paris, des milliers de personnes ont demandé la fin des violences policières
Article mis en ligne le 20 mars 2017

Dimanche 19 mars, des milliers de personnes ont marché à Paris pour protester contre les violences policières. Unissant, non sans mal, collectifs des quartiers populaires et organisations politiques ou syndicales, mais aussi zadistes de Notre-Dame-des-Landes.

« Justice et Dignité. Stop à l’impunité policière. » Le slogan encadre les portraits dessinés Lahoucine Aït Homgar, Lamine Dieng, Morad Touat, etc. C’est derrière cette banderole en noir et blanc qu’ont défilé, unies, les familles de nombreuses victimes présumées des violences policières hier dimanche 19 mars. « Un par mois. C’est, en moyenne, le nombre de pères, de frères, de fils que nous perdons à cause de la brutalité des forces de l’ordre », proclamait l’appel circulant depuis fin 2016 sur les réseaux sociaux. Pour les soutenir, environ 7.000 personnes selon la préfecture de police, 10.000 selon les organisateurs, ont participé à la manifestation parisienne qui a marché de la place de la Nation à la place de la République. (...)

Dans le cortège, de nombreux slogans dénoncent le racisme et les inégalités. « Les bamboulas, les bougnoules, les niakoués vous emmerdent », lance une pancarte. (...)

Sont aussi venus des habitants de la Zad de Notre-Dame-des-Landes et de Bure. « Nous sommes environ 200 », estime Benji. Faisant toute la largeur du boulevard, tenue bien haute, leur banderole proclame : « Des quartiers à la ZAD, osons nous organiser. Et que crève la suprématie blanche. » Leur venue s’est décidée après un weekend consacré aux violences policières fin février sur la Zad. « On est là pour manifester notre soutien aux personnes qui subissent les persécutions policières, explique Benji. On parle de persécutions parce que dans les quartiers ils subissent la police au quotidien. Alors que nous, militants, nous ne la subissons que ponctuellement, en particulier lors des manifestations, et ce sont donc des violences policières. » (...)

Au-delà des collectifs de soutien aux familles, de nombreuses organisations ont répondu à l’appel pour la marche du 19 mars : Collectif contre la négrophobie, Front Uni des immigrations et des quartiers populaires, collectifs de sans-papiers venus demander leur régularisation, Union juive française pour la paix, Union des travailleurs maghrébins de france, Act’up Paris, mais aussi Attac ou encore Droit au logement.

En fin de cortège, le ballon du syndicat Solidaires et quelques autocollants FSU, des drapeaux de la CGT, suivis de certains partis politiques. Les couleurs du mouvement Ensemble (membre du Front de Gauche), du Parti communiste, du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) et de Lutte ouvrière s’affichent avec leurs drapeaux. Eric Coquerel, du Parti de gauche ou Philippe Poutou, candidat du NPA, ont aussi été aperçus.

« Le 19 mars est la journée internationale contre les violences policières. Je manifeste tous les ans et c’est la première fois qu’il y a autant d’échos auprès des médias », se réjouit Elise Languin, du Collectif Vérité et justice pour Ali Ziri. (...)

Pour Mme Languin, ce rassemblement est une victoire. « Je partage les réticences par rapport à certains partis présents, mais on est arrivé à ce que le mot de violences policières, au lieu de bavures, soit repris par la presse. C’est désormais reconnu comme un phénomène, tout comme le fait qu’il y a une impunité policière », se félicite-t-elle.

Des risques de récupération ?

L’organisation de la marche n’a pas fait l’unanimité. Celle organisée fin février à Paris à l’appel de SOS Racisme, du Cran ou encore de la Ligue des droits de l’Homme avait essuyé les critiques des collectifs de soutien aux familles des victimes, comme l’avait noté Reporterre.

Cette fois-ci, les familles étaient en première ligne et c’est Amal Bentounsi, sœur d’Amine Bentounsi, qui a coordonné l’organisation de l’événement avec le Collectif Urgence notre police assassine. Mais la famille d’Adama Traoré a préféré s’abstenir. (...)

Par ailleurs, la participation des partis politiques a refroidi certains militants des quartiers populaires. C’est ainsi qu’une tribune publiée par le blog Quartiers libres, s’est inquiétée de cette mobilisation large allant du « showbizz », avec certains artistes, au Parti de gauche (PG). (...)

Les désaccords autour de l’organisation de la marche découlent aussi des questions qui traversent le mouvement anti-raciste : faut-il nécessairement faire partie des discriminés pour dénoncer le racisme ? Quelles convergences entre lutte contre le racisme et lutte des classes ? (...)

« On ne veut pas lâcher, parce que si on accepte les violences policières derrière ce sont toutes les violences d’État et les processus qui les permettent que l’on cautionne. »

Face aux dissensions, Benji préfère citer l’appel de la Zad à soutenir la marche, qui précise qu’ils ne sont pas venus pour « aider » mais, « pour reprendre les mots de Lilla Watson, militante aborigène, parce que nos libérations sont liées. »