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« Dans les beaux quartiers » médiatiques de la classe dominante
Article mis en ligne le 29 janvier 2019
dernière modification le 27 janvier 2019

« Dis-moi où tu habites, je te dirais qui tu es. » Si les médias dominants se ressemblent, une des explications consiste à dire que ceux qui les contrôlent et/ou dirigent se ressemblent et a minima ont des conditions matérielles d’existence et des intérêts objectifs similaires.

Pour tenter d’analyser l’emprise que la classe dominante exerce sur les « grands » médias nous avons observé la répartition des domiciles des PDG, directeurs généraux, membres des directoires et/ou des conseils d’administration et/ou de surveillance des établissements et entreprises audiovisuels de dimension nationale ainsi que de l’AFP qui a un rôle structurant dans la production de l’information.

Pour ce faire, en septembre 2018, nous nous sommes procurés auprès du « Greffe du Tribunal de Commerce » où chaque société est immatriculée, les extraits Kbis de chacune [1]. Puis nous avons localisé sur des cartes – en les rendant anonymes –, les adresses des domiciles des individus recensés et des sièges des « grands » médias audiovisuels. Pour montrer quoi ? Que les dirigeants des grands médias vivent dans les mêmes quartiers, se croisent dans les mêmes boulangeries, emmènent leurs enfants dans les mêmes écoles, et qu’ils partagent, en somme, le même univers avec les mêmes œillères. Aussi, il n’est pas étonnant qu’ils impulsent des orientations similaires aux médias qu’ils dirigent…

Dans les enclos de la classe dominante (...)

« Public » et « privé » occupent sur quelques kilomètres carrés de l’ouest parisien une véritable ZAD, une Zone des Affairistes et des Dominants. Et cette ZAD est défendue par toutes les forces de l’ordre social car « l’entre-soi grand bourgeois est décisif pour la reproduction des positions dominantes, d’une génération à l’autre, parce qu’il est un éducateur efficace. » (...)

Il est loin d’être anecdotique de noter qu’au moins 17 des personnes de la population que nous avons recensée ont été ou sont membres et/ou invités du Siècle (cf encadré ci-dessous) soit 13 % de cette population. [12] : preuve que les dominants ont compris que le travail de domination de l’espace médiatique fait partie intégrante du travail de domination du monde social. (...)

Un monde à part, un tout petit monde… Une écrasante majorité des dirigeants des grands médias appartient à une classe dominante qui concentre tous les capitaux (économiques, culturels, sociaux, symboliques) et réside sur les quelques kilomètres carrés des quartiers chics de Paris et de sa banlieue huppée. Cela n’est pas anodin, car le travail de domination de l’espace médiatique que ces agents réalisent est une des composantes majeures du travail de domination de la structure l’espace social. Et la structure de domination de l’espace médiatique restera inchangée tant que la critique des médias ne fera pas des propositions (qui ne seront pas des vœux pieux ou de vains appels à la bonne volonté) pour la rendre définitivement inactive.