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Dans les hebdos, la dramaturgie électorale plutôt que le mouvement social
Article mis en ligne le 25 avril 2016

À l’heure où la mobilisation contre la « Loi Travail » s’organise voire se pérennise, l’éditocratie se rebiffe : si certains grands médias dénigrent ouvertement les mouvements sociaux [1], vilipendant les « pas concernés » qui manifestent [2], d’autres préfèrent regarder ailleurs.

Car l’heure est grave : qui donc succédera à François Hollande ? Qui pour remporter les primaires à venir ? Qui, même, pour se lancer dans la course à la candidature ? Autant de questions brûlantes qui figurent à la « une » des grands hebdomadaires français (mais pas seulement…), à l’identique ou presque, à plus d’un an du scrutin. (...)

Au gré des « unes » et du dernier visage promu, se dessine inéluctablement ce dont il faut parler… et ce dont on ne parlera pas, ou si peu, ou si mal. Imposer les problématiques qui s’imposent, orienter le regard du lecteur davantage vers les jeux d’appareils et les stratégies politiciennes que vers les questions d’intérêt général et les luttes collectives en cours, telle est la redoutable tâche de ces magazines, dont ils s’acquittent néanmoins fort bien. (...)

la valeur ajoutée informationnelle de ces dossiers hebdomadaires est quasi nulle : à l’instar des sondages, force est d’admettre que nombre de « unes » publiées dans l’année précédant un scrutin présidentiel sont rétrospectivement risibles une fois l’élection jouée. Les rédacteurs en chef de ces hebdomadaires eux–mêmes, sans toujours rechigner à rouler pour leur chouchou, ne se font guère d’illusions quant à la pertinence de leurs « hypothèses ». Mais, même (ou surtout) par gros temps social, rien ne doit les détourner, eux et leurs lecteurs, de l’essentiel : l’élection reine de la Ve République. Leur mécanique éditoriale est bien huilée et il y a fort à parier qu’à mesure que l’échéance approchera, la place occupée par ces pages purement spéculatives et résolument dépolitisantes ne cessera de croître (...)

Nul besoin de censure directe et brutale : cette focalisation persistante et disproportionnée sur le cirque électoral entretient les apparences démocratiques, tout en occultant efficacement certaines thématiques « sensibles » car éminemment politiques.