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l’Express
Dans un parc de Kaboul, les déplacés afghans racontent l’enfer de l’offensive talibane
Article mis en ligne le 14 août 2021

Depuis vendredi, les insurgés se sont emparés de neuf des 34 capitales provinciales, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir.

Marwa, 25 ans, vient de Taloqan, autre capitale provinciale prise dimanche. En pleurs, elle raconte que les insurgés ont enlevé la veille sa cousine de 16 ans pour la marier à un combattant.

"Quand il y a deux filles dans une famille, ils en prennent une pour la marier, quand il y a deux garçons, ils en prennent un pour le faire combattre", ajoute la jeune veuve, un cathéter sale planté dans la main à cause d’une blessure à la jambe.

"Je suis tellement triste, je pense souvent à m’immoler par le feu."

Les talibans mènent aujourd’hui une offensive tous azimuts, lancée en mai à la faveur de l’entame du retrait final des forces étrangères, qui doit s’achever à la fin du mois. (...)

L’Afghanistan compte déjà plus de 5 millions de déplacés internes, dont au moins 359.000 qui ont fui en 2021, a indiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) mardi.

Dans les localités qu’ils ont conquises, les insurgés ont été accusés d’avoir commis des crimes de guerre et plusieurs organisations internationales, dont l’ONU, ont appelé à des enquêtes.

"Il y a trois jours, les talibans ont tué un coiffeur, car ils pensaient qu’il travaillait pour le gouvernement. Mais c’était juste un coiffeur", raconte Mirwais Khan Amiri, 22 ans, arrivé au parc samedi depuis Kunduz. "Ils tuaient tous ceux qui ont travaillé avec le gouvernement, même ceux qui avaient démissionné il y a 5 ans".

Dans un autre camp au nord de Kaboul, les histoires sordides ne manquent pas non plus. (...)

Et aux traumatismes s’ajoute maintenant le manque de tout. Dans le parc, il n’y a pas même dix tentes pour abriter les déplacés, qu’ils réservent aux enfants.

La plupart des gens n’ont rien pour s’abriter, si ce n’est quelques châles accrochés aux arbres. (...)

Aucune organisation humanitaire n’est là.

Les déplacés ont eux-mêmes commencé à lister leurs noms et numéros, espérant que des responsables viennent les réclamer pour les aider.

Un homme tente de vendre des moustiquaires aux déplacés - environ 3 dollars la pièce. Mais personne n’a d’argent.

Bibi Ma, veuve, est seule avec sa fille et ses onze petits enfants. "Je n’ai pas d’argent pour m’occuper d’eux. Ils demandent à voir leur père...", déplore-t-elle. Mais leur père est mort il y a quatre jours, quand une roquette a atterri à la porte de leur maison à Kunduz. (...)

Aucune organisation humanitaire n’est là.

Les déplacés ont eux-mêmes commencé à lister leurs noms et numéros, espérant que des responsables viennent les réclamer pour les aider.

Un homme tente de vendre des moustiquaires aux déplacés - environ 3 dollars la pièce. Mais personne n’a d’argent.

Bibi Ma, veuve, est seule avec sa fille et ses onze petits enfants. "Je n’ai pas d’argent pour m’occuper d’eux. Ils demandent à voir leur père...", déplore-t-elle. Mais leur père est mort il y a quatre jours, quand une roquette a atterri à la porte de leur maison à Kunduz. (...)

"Ils entraient dans les maisons de force et tuaient ceux qui tentaient de les arrêter", se souvient-il. "S’ils continuent comme ça, sans faire attention à personne, ils seront bientôt à Kaboul... Alors où pourrons-nous nous fuir ?"