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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
De l’inefficacité des dépenses de l’UE en matière de migration extérieure
Article mis en ligne le 22 mars 2016

Selon un rapport publié le 17 mars par la Cour des comptes européenne, l’efficacité et le suivi des programmes financés par l’UE pour ralentir la migration en provenance des pays voisins laissent à désirer. La publication du rapport n’aurait pas pu tomber à un pire moment pour l’UE.

La parution du rapport a coïncidé avec le début d’un sommet de deux jours organisé à Bruxelles dans le but de mettre au point les détails d’un plan de coopération sur la migration avec la Turquie. Le plan prévoit le versement d’un minimum de 3 milliards d’euros à la Turquie au cours des deux prochaines années. En échange, Ankara s’efforcera d’aider à endiguer l’afflux de migrants et de réfugiés à destination de l’Europe.

Au cours de la dernière décennie, l’Union européenne a régulièrement versé des fonds aux pays voisins dans le cadre de sa politique de migration. Dans la dernière année, toutefois, les arrivées de migrants et de réfugiés ont atteint des niveaux de crise. Ces accords ont dès lors un caractère plus pressant et impliquent des sommes de plus en plus importantes. Les questions concernant la façon dont l’argent sera dépensé ont par ailleurs souvent été écartées afin d’apporter le plus rapidement possible des solutions à cette crise aux enjeux considérables.

Les auditeurs ont examiné un échantillon de 23 projets d’une valeur totale de 90 millions d’euros mis en oeuvre dans six pays voisins de l’Union européenne entre 2007 et 2013. Ils ont découvert que dans les deux tiers des projets, les objectifs énoncés n’avaient été atteints que partiellement. « Cela était souvent dû au fait qu’ils étaient trop vagues ou trop généraux et que les résultats étaient donc impossibles à mesurer », ont noté les auditeurs dans un communiqué de presse. (...)

L’absence de stratégie claire s’explique notamment par le fait que la politique migratoire externe de l’UE est financée par divers départements et programmes ayant chacun ses propres objectifs. (...)

Une recherche récente menée par le MPI en collaboration avec des organisations non gouvernementales (ONG) oeuvrant dans le domaine de la migration au Liban, en Tunisie et en Serbie a découvert que nombre d’entre elles n’avaient aucune idée de la façon dont les fonds européens étaient dépensés dans leur pays. (...)

Le respect des droits de l’homme devait être une autre priorité transversale, mais Mme Lamarque a dit que l’audit n’avait découvert « aucune action ou cible concrète liée à cette question ».

« Nous ne disons pas qu’il y a eu des violations des droits de l’homme, mais nous savons, grâce aux ONG et aux médias, qu’il y a eu des problèmes liés aux droits de l’homme. »

Le rapport signale notamment qu’aucune formation n’est offerte au personnel des centres d’accueil des migrants ayant été construits en Ukraine avec des fonds européens et qu’il est dès lors difficile de s’assurer qu’ils sont gérés conformément aux normes internationales en matière de droits de l’homme. (...)

Mme Lamarque a reconnu que l’audit ne concerne pas la crise actuelle. Elle a cependant ajouté que les recommandations du rapport étaient pertinentes, en particulier en ce qui concerne la nécessité de renforcer les systèmes de suivi et d’évaluation afin d’améliorer la responsabilité.