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De la coopérative vers l’appropriation sociale
Article mis en ligne le 13 mai 2014
dernière modification le 7 mai 2014

Les projets de reprise d’entreprise par les salariés sous forme coopérative se multiplient. Longtemps ignorée par le mouvement ouvrier, la coopérative de travail redevient à la mode. Cette évolution correspond à une aspiration nouvelle des salariés et participe à la construction d’un projet politique. On aurait tort de se contenter de regarder ce mouvement d’une façon sympathique sans se saisir de sa portée transformatrice.

Depuis 2010, de nombreux projets de reprise d’entreprise par les salariés sous forme coopérative ont vu le jour. Cela a commencé par les SeaFrance à l’automne 2011. Cette entreprise était publique et filiale de la SNCF. Suite à de nombreuses pertes et devant l’impossibilité pour la maison-mère de recapitaliser SeaFrance, les salariés et leur section syndicale CFDT élaborent un projet de reprise sous forme de SCOP qui devait poursuivre l’activité de SeaFrance sans discontinuité. La direction de l’entreprise ainsi que le gouvernement de l’époque s’opposeront à cette solution qui ne sera finalement pas retenue, pour ne pas dire qu’elle a été délibérément sabotée. Néanmoins, à l’été 2012, dans le cadre d’un partenariat avec EuroTunnel qui a racheté les navires, la SCOP SeaFrance réalise désormais les traversées pour le compte de MyFerryLink. Plus de 600 emplois ont été sauvegardés.

Au même moment, les salariés de Fralib, entreprise de conditionnement de thés et d’infusions, filiale du groupe Unilever, se voyaient confrontés à un projet de fermeture de leur usine de Gémenos dans les Bouches-du-Rhône. Plutôt que de vendre chèrement leur peau en exigeant des indemnités supra-légales, ces salariés et leur section syndicale CGT attaqueront en amont le Plan de Sauvegarde des Emplois au Tribunal d’instance obtenant par trois fois son invalidation. Face à l’impossibilité juridique pour Unilever de fermer l’usine, les salariés ont alors développé un plan de reprise de l’entreprise sous forme coopérative. Afin de permettre à celle-ci de repartir, ils exigent de la part d’Unilever la cession de la marque Éléphant ainsi que des volumes de commandes. Fait intéressant, le projet de reprise intégre la relance de filières d’approvisionnement local en arômes naturels ainsi que le développement d’une logique de commerce équitable en ce qui concerne les thés, marquant ainsi une rupture avec les pratiques antérieures du groupe. À l’inverse des SeaFrance, ce conflit est toujours sans solution plus de trois ans après.

Au delà de ces deux exemples emblématiques, de nombreux autres projets ont été, non seulement élaborés mais aussi réalisés à partir de 2012. (...)