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De nombreux travailleurs détachés découverts sur le chantier de la COP21
Article mis en ligne le 6 novembre 2015

La rencontre internationale devait être un événement générant de l’emploi pour le département de Seine-Saint-Denis, particulièrement touché par le chômage. Malgré les promesses, il n’en est rien dans les faits.

Trois semaines avant le début de la COP21, L’oeil du 20 heures de France 2 a lancé la polémique : le chantier du Bourget, futur site de la rencontre internationale, actuellement en voie de finalisation, emploierait des travailleurs détachés et globalement assez peu d’habitants du département de la Seine-Saint-Denis, où se trouve la commune du Bourget. Une pratique qui n’a certes rien d’illégal en soi, mais qui va à l’encontre des promesses faites par les organisateurs du sommet.
Promesses non tenues

« Nous allons veiller en tant qu’Etat à ce que, dans les clauses des cahiers des charges des appels d’offre que nous allons lancer, on fasse appel aux entreprises locales » promettait il y a quelques semaines devant les caméras Pierre-Henri Guignard, le secrétaire général de la COP21, chargé de la mise en place du chantier du site d’accueil. Un communiqué de presse au lancement des travaux assurait même que « les emplois (…) autour de 3000 vont bénéficier de façon prioritaire aux personnes habitant le territoire ». (...)

le Conseil général du département reconnaît « qu’il y aura 200 personnes de Seine-Saint-Denis qui seront sur ces emplois-là ». Soit 6,7% des postes disponibles… Le Medef local confirme également que malgré les nombreuses rencontres avec les autorités, les entreprises du département n’ont décroché que « les miettes ». Selon le recensement de France 2, sur les 38 entreprises prestataires sur l’événement, seules 4 PME viennent du 93. A peine une sur dix.
Travailleurs détachés

Ce qui n’empêche pas les organisateurs de la COP21, ou plutôt leurs sous-traitants, d’aller chercher parfois loin les salariés qui se retrouvent sur le chantier, y compris pour des métiers classiques du bâtiment. Sans qu’il soit d’ailleurs possible d’obtenir un chiffre officiel précis du nombre de travailleurs en provenance de Roumanie, de République tchèque, de Slovaquie ou de Slovénie. Les journalistes estiment leur présence à environ 200 soit le même nombre d’employés que les résidents de Seine-Saint-Denis. Mauvaise image pour un projet qui se voyait comme un moteur du développement du tissu économique et de l’emploi local.

La pratique n’est cependant pas prohibée puisqu’il est possible de faire venir des « travailleurs détachés » tant que le droit du travail et le salaire minimum français sont respectés. Ces salariés, le plus souvent payés au Smic (1457 bruts mensuels), gagnent nettement plus en traversant l’Europe pour se retrouver sur un chantier de l’Hexagone (le salaire minimum en Roumanie n’étant que de 218 euros). Quand bien sûr le droit du travail est respecté : un salarié slovaque d’un sous-traitant de la société d’événementielle GL Events indique ainsi face à la caméra des journalistes qu’il ne touche que « 70 euros pour des journées de 10 à 12 heures » de travail. GL Events, qui nie employer des ouvriers slovaques (ne reconnaissant l’embauche que de 6 Slovènes), est coutumière de l’usage de travailleurs détachés : elle avait déjà soulevé la polémique en employant des travailleurs roumains pour monter les stands… de la dernière université d’été du PS, en août, à La Rochelle. Quelques jours après, c’est l’organisateur de l’université d’été du Medef, l’agence Creative Spirit, qui se voyait reprocher l’utilisation de travailleurs détachés portugais chargés de monter des chapiteaux pour l’événement. (...)