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Délinquance : quand les médias se moquent des citoyens
par Montpellier journal, le 13 février 2012
Article mis en ligne le 17 février 2012
dernière modification le 14 février 2012

Plutôt que de tirer les conséquences de leur manque de moyens et ne pas traiter le sujet, les rédactions préfèrent visiblement donner des informations incomplètes voire erronées à leurs lecteurs et auditeurs. Et prendre le risque de se faire manipuler via des présentations statistiques parfois orientées. Illustration avec le traitement journalistique du « bilan 2011 de la sécurité dans l’Hérault » présenté par le préfet Claude Baland le 25 janvier.

(...) Ne faudrait-il pas dire aux journalistes : « Arrêtez de parler de ça puisque vous parlez de n’importe quoi » ? C’est la question que Montpellier journal a posée à Laurent Mucchielli, spécialiste des questions de sécurité à propos des comptes-rendus annuels des conférences de presse du ministre de l’intérieur et des préfets sur les chiffres de la délinquance. Réponse du sociologue, directeur de recherche au CNRS [1] : « C’est ce qu’il faudrait, oui. Le problème c’est qu’on le redit chaque année. Et chaque année, ils recommencent. Il faut s’interroger effectivement au bout d’un moment sur le caractère superficiel du traitement journalistique de l’info et sur la soumission de l’agenda médiatique vis-à-vis de l’agenda politique. Il y a un vrai problème. » (...)

Tout récemment, une tribune signée par deux autres sociologues du CNRS est également parue sur lemonde.fr (31/01). Son titre : « La mesure de la délinquance… des chiffres dociles ». Philippe Robert et Renée Zauberman [3] pointent les trois règles les plus importantes qu’il faudrait suivre pour présenter les chiffres de la délinquance : « Aucun chiffre, s’il reste isolé, ne mesure la délinquance. […] Seule l’observation sur le long terme permet de comprendre la tendance de la délinquance. […] La mesure de la délinquance est une activité scientifique. » On voit qu’ils ont bien fait de les rappeler. (...)

Il faut dire que sur une minute trente ou sur un court article, les précisions méthodologiques risqueraient d’occuper la totalité de la place attribuée pour traiter le sujet. Pas très vendeur. Conséquence : la porte est grande ouverte aux exploitations politiques de chiffres qui ne veulent et ne peuvent rien dire. Avec les conséquences en terme de comportement des citoyens, en particulier de vote, qu’on imagine facilement. « Et chaque année, les journalistes recommencent. »

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