
La société britannique Deliveroo a décidé de fermer son activité en Espagne et entend engager un processus de licenciement collectif qui touchera au total 3 871 personnes entre le personnel de bureau et les livreurs, puisque ces derniers seront éligibles à la Sécurité sociale et cesseront ainsi d’être indépendants.
L’entreprise a annoncé ce vendredi son intention de quitter le pays en octobre, après avoir ouvert une "période de consultations" avec ses travailleurs, auxquels, quelques heures plus tard, elle a signalé l’ouverture du processus susmentionné directement début septembre. .
Dans un communiqué, les responsables de Deliveroo en Espagne ont lié leurs progrès à la concurrence dans le secteur de la livraison de nourriture, car « le maintien d’une position de premier plan sur le marché nécessiterait un niveau d’investissement très élevé avec un potentiel de rendement très élevé. incertain".
Un porte-parole de la société a précisé dans des déclarations à . que l’entrée en vigueur imminente de la « loi Rider » - qui oblige les plateformes de diffusion numérique comme Deliveroo à embaucher leurs distributeurs en tant que salariés au lieu de les maintenir en tant qu’indépendants - n’est pas à l’origine de cette décision, même si elle a peut-être accéléré la traiter.
Justement, la plateforme a également informé ses « coureurs » que la procédure pour les inscrire à la Sécurité sociale avant de cesser leurs activités est déjà en cours, ce qui en fera en pratique des salariés. Une fois atteint, ils négocieront avec leurs représentants les conditions du licenciement collectif.
L’entreprise a commencé à travailler sur le sol espagnol en octobre 2015 et est l’un des plus grands opérateurs du secteur de la livraison avec Glovo, Just Eat et Ubereats.
Les responsables de Deliveroo ont rappelé que l’entreprise est présente dans une dizaine de pays à travers le monde et que son activité sur le marché national représente "moins de 2% de la valeur brute des transactions (GTV)".
La société, récemment entrée en bourse et cotée à Londres, a indiqué que dans la plupart des pays où elle est implantée, elle occupe la première ou la deuxième position. En Espagne, il ne fournit pas la position qu’il occupe actuellement.
Son objectif est de « mettre un terme aux opérations en Espagne » pour « concentrer les investissements et les ressources sur le reste des marchés sur lesquels il opère ».
PLUS DE PRÉCARITÉ ET MOINS DE TRAVAIL, SELON LES PRO-EMPLOYÉS AUTONOMES
Les associations pro-autonomes des coursiers ont réagi à la marche de Deliveroo en déplorant la perte d’emplois que cette fermeture entraînera et l’ont liée à l’entrée en vigueur prochaine de la loi dite « Rider Law ».
Dans une déclaration signée par l’Association professionnelle des coursiers autonomes (APRA) et Repartidoresunidos.org, ils ont avancé qu’à leur avis, ce qui s’est passé est un exemple de la « fuite des entreprises » que la nouvelle réglementation peut provoquer, alors qu’ils étudient déjà « De nouvelles mobilisations contre le gouvernement et les syndicats ».
La législation, convenue par le ministère du Travail avec les employeurs et les syndicats et qui entre en vigueur le 12 août, oblige les plateformes de diffusion numérique à utiliser des distributeurs salariés au lieu d’auto-entrepreneurs.
Ces mêmes associations ont prévenu qu’au cours des dernières semaines, il avait déjà été observé que certaines de ces entreprises, pour s’adapter à la réglementation, proposent des "contrats précaires par le biais d’entreprises de travail temporaire", de 15 à 20 heures par semaine et avec des salaires compris entre 400 et 500 euros.
LES SYNDICATS EXIGENT DES GARANTIES
Les syndicats CCOO et UGT ont, pour leur part, réclamé des garanties pour les 3.871 travailleurs touchés par la fermeture de la plateforme britannique et ont attribué la décision de l’entreprise de livraison de nourriture à « sa stratégie de marché et son manque de rentabilité ».
Par ailleurs, ils ont rappelé qu’ils avaient déjà exécuté un dossier de réglementation du travail (ERE) pour le personnel administratif en 2020, et ont demandé une « implication » du gouvernement lorsqu’il s’agit de veiller au respect de la nouvelle « loi Rider ».
C'est officiel : Deliveroo ferme boutique en Espagne. Pourquoi ? Parce qu'une loi lui impose de salarier ses livreurs. La millième preuve que ces "nouvelles activités" ne sont pas rentables si elles sont décemment payées. Détails ici, en inglès.https://t.co/eTpFgEz1R5
— Gilles Raveaud (@RaveaudGilles) August 9, 2021