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le Monde Diplomatique
Derrière les murs de « l’usine à colis »
Article mis en ligne le 1er novembre 2020
dernière modification le 31 octobre 2020

Partout dans le monde, les travailleurs des entrepôts logistiques Amazon font face à un afflux inédit de commandes. Que se passe-t-il dans les gigantesques plates-formes de la multinationale américaine ?

A l’heure du confinement, comment se procurer un tapis de gymnastique, des haltères, une tondeuse à gazon, des chaises longues, un barbecue ou de la pâte à modeler afin d’occuper les enfants ? Pour des millions de personnes assignées à résidence, la réponse tient en six lettres : Amazon. Au cœur de la pandémie, tel un génie sorti de sa lampe magique malgré les consignes des autorités, le numéro un mondial de la vente en ligne exauce les vœux les plus variés. (...)

La situation est paradoxale. Partout dans le monde, des usines ferment. Librairies, magasins de sport et autres boutiques spécialisées ont baissé le rideau. Et certains contrevenants ont écopé de lourdes amendes. Mais, en périphérie des grandes villes, il existe des lieux où l’on se confine à plus de mille : les entrepôts logistiques. Fin mars 2020, plates-formes de la grande distribution, centres de tri postal, hangars de vente en ligne tournent à plein régime.

« C’est simple, je n’ai jamais vu autant d’activité dans mon entrepôt Amazon », résume M. Giampaolo Meloni, syndicaliste de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) sur le site de Castel San Giovanni (Émilie-Romagne). En France, durant la semaine du 2 au 8 mars, la croissance des ventes en ligne a été quatre fois supérieure à celle des commerces physiques, pourtant pris d’assaut. Depuis, la tendance s’accentue et Amazon, qui capte habituellement 20 % des achats en ligne des Français, se taille la part du lion. (...)

« Amazon ne prend aucune précaution sur le site »

Pour répondre à ce pic d’activité inédit, il faut des bras. Le 16 mars, Amazon a annoncé le recrutement de 100 000 travailleurs temporaires rien qu’aux États-Unis. Avec les 800 000 salariés habituels, ainsi que le recours massif à la main-d’œuvre intérimaire sur les autres continents, l’entreprise dirige une armée industrielle de près d’un million de travailleurs à travers le monde. « Au Royaume-Uni, constate M. Mick Rix, le coordinateur national chargé d’Amazon au sein du syndicat GMB, la plupart des salariés travaillent maintenant cinquante heures par semaine, et il n’est pas rare que certains fassent des journées de treize heures. Le recours aux heures supplémentaires est massif. »

Pendant ce temps, au siège de la multinationale à Seattle (État de Washington), les dirigeants empilent les notes confidentielles les informant de cas d’employés testés positifs au Covid-19. Le 1er mars, Amazon a reconnu officiellement deux premiers cas italiens. Le 3 mars, le premier malade américain. Tout au long du mois, les cas se multipliaient dans les entrepôts italiens, espagnols, français, allemands, polonais, ainsi qu’aux États-Unis sans que le vendeur en ligne en déclare officiellement la plupart, selon les syndicats.

« Un manager nous a dit que, si nous tombions malades, ce serait de notre faute » (...)