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Des Gilets jaunes blessés appellent à une marche contre les violences policières samedi 2 février à 12h à Paris
Article mis en ligne le 1er février 2019

Des victimes de violences policière organisent une marche blanche en soutien aux blessés et pour l’interdiction des armes de force intermédiaire, ce samedi 2 février à Paris. Depuis le début de la mobilisation Gilets jaunes, il y aurait une centaine de blessés graves, dont quatre ont eu la main arrachée et au moins quatorze ont perdu un œil.

Franck, 20 ans, un énorme morceau de gaze sur son œil détruit par un tir de lanceur de balle de défense (LBD). Antonio Barbetta, 40 ans, ses béquilles et la chaussette recouvrant son pied transpercé par un éclat de grenade GLI-F4. Jérôme Rodrigues, 39 ans, figure du mouvement, une coque en plastique transparent et un pansement blanc sur son œil blessé. Ces trois victimes de violences policières s’étaient réunies mercredi 30 janvier à 16 h 30, dans les locaux de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) dans le XVIIIe arrondissement de Paris, pour appeler le plus grand nombre à participer à la marche blanche en soutien aux blessés et pour l’interdiction des armes de force intermédiaire, samedi 2 février à Paris.

Le départ de la marche aura lieu à 12 h, place Daumesnil dans le XIIe arrondissement. Le cortège, mené par les blessés, s’élancera sur un parcours de cinq kilomètres entrecoupé de sit-in et de prises de parole. « Cette marche sera pacifique », précise Antonio Barbetta, qui a lancé l’idée de cette marche sur sa page Facebook « La France blessée », avec le soutien de Robin Pagès, administrateur de la page Facebook « Grenades Flashball Interdiction » et grièvement blessé au pied par l’explosion d’une GLI-F4 à Bure en 2017. « On invite les personnes mal intentionnées à ne pas venir ou à s’abstenir de causer des incidents. Tous les citoyens peuvent se joindre à nous. Nous invitons aussi les ambulanciers et le corps médical à nous rejoindre », poursuit le quadragénaire.

« Plus de 2.000 blessés, dont une centaine grièvement » (...)

« Je pense à ces blessés qui sont seuls et souffrent énormément »
« De par ma médiatisation, je reçois de nombreux soutiens, poursuit-il. Mais je pense à ces blessés qui sont seuls et souffrent énormément après avoir perdu leur main, leur pied ou leur œil. Je pense à Jean-Marc [Michaud], qui a reçu un tir de LBD, qui va passer sur le billard vendredi et à qui on va retirer une grande partie de l’œil. Après un parcours compliqué, il avait remonté la pente, était devenu horticulteur et s’était trouvé une petite femme. Il ne pourra plus jamais exercer son métier, à cause du risque que de la terre infecte le seul œil qui lui reste. Moi non plus, je ne pourrai plus être plombier. » (...)

Jérôme Rodrigues insiste sur le caractère pacifiste de la marche de samedi. « Je fais partie du noyau dur qui déclare les manifestation, pour montrer à Griveaux qu’on est des intelligents, qu’on connaît et qu’on applique la loi et qu’on n’est pas les extrémistes qu’il prétend. Nous déclarons aussi parce que nous recevons de nombreux appels de retraités, de familles et de personnes à mobilité réduite qui voulaient rejoindre la marche. Mais la seule chose qu’on reçoit en retour, c’est le croche-patte de nous faire canarder en fin de manif. » Il s’inquiète de l’annonce faite par les « black blocs », de leur présence dans le cortège : « Ce sont eux qui mettent le chaos ! Que fait [le ministre de l’Intérieur Christophe] Castaner pour éliminer ces personnes qui décrédibilisent notre mouvement ? Parce que les Gilets jaunes sont pacifistes autant que moi. »

« Ces sont les forces de l’ordre qui poussent les manifs à se transformer en guérillas »
« Je ne condamne pas toutes les forces de l’ordre parce que nous avons souvent été bien traités en garde à vue et que certains nous ont contacté pour rejoindre le mouvement, poursuit Eric Drouet, qui a fourni l’appui technique de son équipe pour organiser la marche de samedi. On condamne seulement ceux qui appliquent des ordres dangereux. Ce qu’on constate sur le terrain, c’est que les manifs se passent très bien et que ce sont les forces de l’ordre qui les forcent à se transformer en guérillas. »

Mercredi 30 janvier, le Conseil d’État devait examiner des recours déposés en urgence par la CGT et la LDH pour l’interdiction des LBD. « On espère qu’au moins la justice entendra cet appel, conclut Me Alimi. Aujourd’hui, les plus grandes instances européennes demandent au gouvernement de réduire l’usage de la violence et de restreindre l’utilisation de ces armes. »