
La coopérative de production de crèmes glacées La Fabrique du Sud prépare sa seconde saison estivale avec sa marque La Belle Aude. Ayant pris la suite de l’usine Pilpa, fermée par un fonds d’investissement, ces ex-salariés de l’entreprise réinventent de nouvelles façons de travailler, plus démocratiques et plus respectueuses du consommateur et de l’environnement. Reportage au sein de leur fabrique de Carcassonne.
Ils reviennent pourtant de très loin, ces anciens de Pilpa. A l’origine, c’était la filiale d’une coopérative agricole, 3A, qui livrait ses glaces aux marque de la grande distribution [1]. En septembre 2011, la filiale est vendue à son principal concurrent, et leader européen sur ce marché, R&R Ice cream, qui appartient à un fonds d’investissement états-unien. Dix mois plus tard, la fermeture du site de Carcassonne est annoncée. R&R récupère le portefeuille des marques de Pilpa, et centralise la production en Bretagne. Plus de cent salariés sont laissés sur le carreau. Sans oublier les intérimaires recrutés au printemps pour préparer la saison estivale.
La lutte commence, largement appuyée par la population locale. Un an plus tard, en juillet 2013, les salariés signent un accord avec R&R : tous obtiennent des indemnités de licenciement (entre 14 et 37 mois de salaire brut ), et un budget de formation de 6000 euros par salarié. Par ailleurs, R&R appuie la formation d’une société coopérative (Scop) à condition que celle-ci ne se positionne pas sur le créneau des marques de distributeurs. Plusieurs machines sont cédées, et plus d’un million d’euros est investi. En avril 2014, dix neuf salariés-sociétaires lancent la Fabrique du Sud, une coopérative ouvrière, qui propose des crèmes glacées de qualité artisanale avec des ingrédients naturels et si possible locaux, sous la marque La Belle Aude.
Des glaces à haute valeur écologique et sociale
Et c’est un véritable succès ! Les nouveaux coopérateurs dépassent leur objectif initial de 620 000 euros de chiffres d’affaires et réussissent à s’implanter dans de nombreux magasins et supermarchés des environs. Un effet de la lutte ou la qualité intrinsèque des produits ? « Les deux facteurs ont joué », répond sans hésiter Christophe Barbier, Président du conseil d’administration et directeur commercial de l’entreprise. « 80 % de nos ventes ont été réalisées dans le département de l’Aude. Notre lutte a indiscutablement joué un rôle mais la qualité du produit aussi, faute de quoi les acheteurs ne reviennent pas. » (...)