
Dans sa préface, Ziad Majed aborde entre autres, le soulèvement des Syriens et des Syriennes contre le régime et la violence déchainée par celui-ci, les frontières territoriales et maritimes « lignes de fracture qui séparent et parfois tuent », les désirs d’apartheid et les rêves hallucinatoires de « communauté pure et homogène », la recherche d’un ennemi ou d’un bouc émissaire « incarné par « l’étranger », aujourd’hui le musulman, exactement comme le noir et le juif d’hier », le règne de l’impunité (occupant israélien, régimes despotiques arabes…), les discours démagogiques « complotistes » et « anti-impérialistes » », l’exclusion du droit international de certaines populations, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, la normalisation des dictatures au nom des « intérêts économiques et sécuritaires »…
Loin des visions partiales et partielles, Ghaïss Jasser nous propose un véritable réquisitoire contre les politiques suivies dans et sur l’ensemble de la région moyen-orientale. Contre les visions simplistes, les alignements sur des pouvoirs en place, le campisme et le criminel « ennemi de mon ennemi », l’oubli de l’histoire et des contradictions qui traversent les sociétés, l’autrice est guidée par la liberté et la dignité des êtres humains.
Des peuples écrasés par des « régimes militaires, totalitaires et théocratiques », des soulèvements populaires et des revendications de droit « à la justice, à la dignité et à la liberté », des politiques occidentales baignées par des « reflexes néo-colonialistes » et leur soutien aux régimes despotiques militaires (...)
l’instrumentalisation de la « lutte contre le terrorisme » et les yeux fermés sur le terrorisme d’Etat, les visions essentialistes et orientalistes, l’armement des milices, les nettoyages confessionnels, la responsabilité particulière des « politiques » français, l’assimilation de l’antisionisme à l’antisémitisme, la duplicité de la majorité de la gauche et d’une partie de l’extrême gauche soutenant des criminels de guerre comme Bachar el-Assad et Vladimir Poutine, les désinformations organisées par les médias, la culture du confessionnalisme, l’oubli des combats historiques des femmes, les arabophobes et les islamophobes, les faux laïques, le déni du terme musulman… (...)
L’autrice argumente avec justesse les refus de choisir entre la peste et le choléra, entre états patrimoniaux, dictatures militaires, théocraties des mollahs ou délires apocalyptiques au nom du prophète.
Ghaïss Jasser nous donne à voir un autre passé (que les réductions orientalistes ou coloniales) et donc des autres possibles. Elle refuse le soutien à la violence et aux crimes – le terrorisme – des Etats pour soi-disant lutter contre le « terrorisme ». Elle met en avant le devoir moral et politique de soutien aux populations insurgées et à leurs revendications de liberté et de dignité… (...)
Les frontières tracées lors du démantèlement de l’empire ottoman par les puissances impérialistes – et en particulier par la France et la Grande-Bretagne – sont un obstacle à la libre détermination des populations. Elles ne sont en aucun cas un socle permettant la construction d’un commun de paix et d’égalité. L’avenir régional ne peut-être démocratique et émancipateur pour toustes sans la reconnaissance de tous les droits individuels et collectifs, dont le droit à l’autodétermination nationale.