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le Parisien
Des enfants « quotidiennement en danger » : la lettre choc à Emmanuel Macron de 4000 soignants en pédiatrie
#pédiatrie #bronchiolite
Article mis en ligne le 22 octobre 2022
dernière modification le 21 octobre 2022

Voici la tribune adressée au président de la République par plus de 4 000 professionnels de la pédiatrie, qui dénoncent la saturation des hôpitaux, alors que l’épidémie de bronchiolite gagne tout le territoire.

Lettre ouverte signée entre le 20 et le 21 octobre 2022 par 4 148 soignants en pédiatrie dont et 18 associations de patients.

Chaque jour, ils sont au chevet des enfants. 4 148 blouses blanches travaillant dans les plus grands services de pédiatrie s’unissent pour dénoncer une situation déjà plus tenable alors que les épidémies hivernales ont à peine commencé. Et que la bronchiolite est désormais installée sur la quasi-totalité du territoire. Soins déprogrammés faute de lits, transferts hors région de bambins, petits hospitalisés dans des services adultes… Face à cette situation délétère, médecins, syndicats professionnels, sociétés savantes de pédiatrie ainsi que 18 associations de patients en appellent au président de la République. Voici leur lettre ouverte à Emmanuel Macron que nous publions en exclusivité.
Le texte de la tribune

« Monsieur le président de la République,

Après 2 semaines seulement d’épidémies hivernales, habituelles et prévisibles, les services de réanimations pédiatriques partout en France sont saturés, les services d’hospitalisation débordent, les soins dits non urgents sont reportés et plus de 15 enfants parisiens ont été transférés hors région, à Reims, Rouen, Amiens, Orléans, alors que leur situation médicale était critique.

Monsieur François Braun, ministre de la Santé, a jugé récemment que nous avions l’habitude de ces pics hivernaux et que ces transferts se font sans mettre en danger les enfants. Nous dénonçons ici la dégradation criante des soins apportés aux enfants qui les met quotidiennement en danger.

Alors, nous, pédiatres et soignants en pédiatrie, nous tiendrons, comme d’habitude. Nous ferons le maximum pour offrir les meilleurs soins possibles aux enfants : nous garderons des enfants sur des brancards aux urgences, hospitaliserons des enfants dans des réanimations adultes qui, par solidarité, essayeront de faire au mieux, rassurerons des parents désemparés de voir leur enfant transféré dans un hôpital à plusieurs centaines de kilomètres. Nous serons auprès des patients suivis pour maladie chronique, nous tiendrons un discours rassurant en expliquant que l’annulation des examens nécessaires n’aura pas de conséquence, que le 3e report d’une chirurgie du rachis programmée pour améliorer la respiration et la qualité de vie de leur enfant sera le dernier. (...)

Nous justifierons une sortie prématurée d’hospitalisation sur un enfant encore fragile pour libérer une précieuse place qui accueillera un autre enfant devenu plus urgent et plus grave. Nous appliquerons les directives qui nous demandent, pour raison « de sécurité », de limiter le nombre d’adolescents suicidaires accueillis en pédiatrie, en les renvoyant chez eux à leur désespoir et à celui de leurs parents. (...)

En résumé, nous serons aux côtés des parents et des enfants que le système de soins met en danger.

Et l’hiver passera, nous ne dormirons pas, même dans notre sommeil nous veillerons sur eux au détriment de notre santé. (...)

De nombreux rapports auxquels nous avons collaboré, dont celui de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), ont été force de propositions pour l’hôpital public, rapidement enterrées au cours du Ségur de la santé. Il est urgent de pouvoir rouvrir des lits dans les services de pédiatrie en arrêtant la fuite des soignants et en recrutant des jeunes passionnés. Il est urgent de redonner l’espoir aux présents et d’attirer de nouveaux talents en redonnant du sens à nos missions, en nous permettant de nous recentrer sur notre cœur de métier (...)

Monsieur le Président, la pédiatrie ne paraît plus être une priorité, pourtant ces enfants sont l’avenir. Les dirigeants actuels et passés ont fermé les yeux sur l’abandon de l’hôpital public et des services de pédiatrie. Ils sont désormais responsables des conséquences sur la santé des enfants. »