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Mediapart
Des faveurs sexuelles contre un rôle dans un film : plusieurs femmes incriminent Philippe Garrel
#agressionssexuelles #viol #femmes
Article mis en ligne le 3 septembre 2023
dernière modification le 2 septembre 2023

Philippe Garrel, cinéaste multi-primé de 75 ans, est mis en cause par cinq comédiennes qui dénoncent des propositions sexuelles lors de rendez-vous pour des rôles, dont quatre relatent des tentatives de baisers non consentis. Le réalisateur nie la majorité des faits. Il explique avoir « mal interprété » des « ressentis » et évoque une « remise en question ».

Elles se sont tues pendant des années. Même après #MeToo, elles n’ont pas osé parler publiquement. Elles se sont dit que ce n’était « pas si grave » ou que personne ne les croirait. Elles ont pensé que le cinéma français préférait célébrer des agresseurs plutôt que d’entendre les appels d’Adèle Haenel ou les alertes de femmes ayant été victimes d’hommes puissants.

Aujourd’hui, elles se font violence pour témoigner, pour que les castings avec « lui » n’aient plus lieu dans un café près d’un hôtel, et qu’une femme ne se retrouve pas fragilisée après un rendez-vous professionnel. « Lui », c’est Philippe Garrel, 75 ans, réalisateur multi-récompensé post-Nouvelle Vague, primé cette année au festival de Berlin de l’Ours d’argent du meilleur réalisateur.

Plusieurs des femmes témoignant dans cette enquête le font sous couvert d’anonymat par peur d’effets néfastes sur leur carrière. D’autres ont quitté le métier. Certaines parlent à visage découvert tout en craignant d’être montrées du doigt, ou accusées de mentir… La « honte », le « dégoût », la « culpabilité » : ces mots reviennent dans les récits de comédiennes qui rêvaient de travailler pour cette figure du cinéma français, alors qu’elles étaient parfois au début de leur carrière quand elles l’ont rencontré.

Dans cette enquête, cinq femmes le mettent en cause pour des propositions sexuelles dans un cadre professionnel, dont quatre évoquent des gestes et baisers non consentis, susceptibles d’être qualifiés d’agression sexuelle ou de tentative d’agression sexuelle. Aucune plainte n’a été déposée à ce jour. Le réalisateur affirme qu’il ne lui est « jamais arrivé d’embrasser une femme contre son gré », mais indique qu’il a « peut-être essayé d’embrasser l’une d’entre elles » sans être sûr de son souvenir. Il présente ses excuses s’il a pu blesser des comédiennes. (...)

« C’était horrible, je me sentais humiliée. J’avais tellement honte d’avoir pu imaginer que c’était pour mon talent qu’il voulait me voir. J’avais la sensation de m’être fait avoir, il m’appelait pour me parler travail, c’était un cinéaste valorisé, que j’admirais, reconnu par mon école, un homme de puissance. Et je me retrouvais, au lieu d’accepter un rôle, à le repousser. » (...)