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Chroniques du Yeti
Des gens qui lui expliquent qu’avec cent-vingts euros par mois, on en achète des pâtes et du riz !
Article mis en ligne le 7 novembre 2016
dernière modification le 2 novembre 2016

Paul me raconte sa vie de conseiller municipal dans une toute petite commune perdue dans la campagne.

Faute de dotation il n’y a plus guère d’argent disponible pour faire ceci ou cela. Le budget de la commune est absorbé par les charges courantes, comme les 2 000 euros par écolier et par an, et les remboursements d’emprunts des investissements de naguère. Des travaux indispensables. Fallait bien rénover l’ancien logement de l’instituteur. C’est une famille logée correctement même s’il n’y a plus d’instit depuis belle lune. Fallait bien refaire les toitures de l’école et de l’atelier. On n’allait quand même pas laisser s’écrouler ces bâtiments qui ont trouvé d’autres emplois.

(...) Paul me parle des difficultés de ses concitoyens. Il y a ceux qui vivent tout l’hiver avec un seul feu de bois maigrichon. Et puis il y a ceux qui ont un chauffage central mais, en mars, la cuve à fuel est vide et on ne peut payer la facture pour la remplir. Alors, par précaution, le conseiller s’habille toujours chaudement, deux pulls, gros bonnet et doudoune épaisse, quand il doit rendre visite à des voisins…

La commune a besoin d’une personne pour assurer l’entretien des bâtiments communaux. Un petit boulot : trois heures par semaine. Un appel dans les boîtes à lettres des habitants de la commune. La mairie reçoit cinq lettres de candidature.

Et Paul me dit que la difficulté, ce n’est pas de prendre une personne. Non, ce qui se révèle être un crève-cœur, c’est d’annoncer à quatre personnes qu’elles ne sont pas retenues. Quatre drames. (...)

Ces propos de Paul me reviennent en mémoire alors que je regarde une vidéo où de jeunes bourgeois, étudiants en école de commerce, affirment avec la bonne conscience et le toupet des gavés que la plupart des chômeurs ne veulent pas travailler parce qu’ils se gobergent d’allocs. Mélenchon, à qui ils s’adressent, en est médusé…