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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Des médecins débordés à Kunduz
Article mis en ligne le 2 octobre 2015

Depuis que l’hôpital gouvernemental est fermé, l’établissement géré par Médecins sans Frontières (MSF) est le seul qui accueille encore les personnes ayant besoin de soins de traumatologie urgents à Kunduz, une ville d’environ 300 000 habitants dont se sont emparés les talibans lundi dernier. Alors que le ministère afghan de l’Intérieur vient d’annoncer la reprise des principaux secteurs de la ville par les forces spéciales afghanes, les talibans continuent à dire qu’ils résistent toujours à l’armée gouvernementale.

Les médecins ont déjà de la difficulté à traiter les nombreux civils blessés. On s’attend pourtant à ce que le bilan s’alourdisse avec la poursuite des combats entre les forces gouvernementales afghanes et le groupe insurgé. Kunduz est la première capitale provinciale à être tombée aux mains des talibans depuis qu’ils ont été chassés du pouvoir en 2001.

« L’hôpital de MSF est déjà complètement submergé par la demande et les blessés continuent d’arriver », a dit Renzo Fricke, le coordonnateur des opérations de l’organisation. « L’établissement a atteint ses limites. Nous craignons de ne pas être capables de faire face à de nouveaux afflux de blessés si les combats se poursuivent. » (...)

Deux membres du personnel soignant dépêchés par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) travaillent « sans relâche » à l’hôpital de MSF, dont les réserves de fournitures médicales commencent à s’épuiser, a dit à IRIN Neha Thakkar, une porte-parole du CICR.

« Alors que le CICR met tout en oeuvre pour livrer ces fournitures médicales, nous exhortons toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire en évitant de cibler les vies et les biens des civils », a-t-elle dit.

Des civils sous les tirs croisés

Jusqu’à présent, les combattants talibans ne se sont pas « montrés violents envers les civils », a dit Lola Cecchinel, directrice de recherche chez ATR, une société de conseil basée à Kaboul. Ils ont cependant mis des civils en danger en se cachant chez eux « pour se mêler à la population civile », a dit Amnesty International dans une déclaration s’appuyant sur des témoignages de résidents locaux. (...)

Le dilemme américain

La prise de Kunduz affaiblit l’autorité de M. Ghani, mais elle pose aussi problème pour les États-Unis. L’armée américaine était en effet à la tête de l’invasion qui a permis de déloger les talibans du pouvoir, en 2001, et Kunduz était l’une des dernières villes à avoir été reprises par les combattants américains et afghans. Les États-Unis, qui ont récemment réduit leur présence militaire en Afghanistan dans le cadre d’un plan prévoyant le retrait quasi complet des troupes d’ici l’an prochain, se retrouvent de nouveau engagés dans les combats à Kunduz.

Le Pentagone a annoncé qu’il avait mené une frappe aérienne mardi contre des combattants talibans qui se dirigeaient vers l’aéroport où les soldats afghans et américains étaient stationnés.

La chute de Kunduz soulève des questions quant à la capacité des forces de sécurité afghanes à combattre les talibans sans le soutien important des Américains. (...)

les talibans semblent déterminés à garder le contrôle de Kunduz aussi longtemps qu’ils en seront capables. Ce sont là de mauvaises nouvelles pour les résidents de la ville, car un bon nombre d’entre eux pourraient être touchés par les violences.