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Rue 89 Bordeaux
Des milliers de nouveaux pauvres en Gironde
Article mis en ligne le 17 octobre 2020

Ce samedi 17 octobre, journée mondiale de refus de la misère, le gouvernement doit annoncer de nouvelles mesures pour les plus pauvres. Tandis que le département enregistre une forte hausse du nombre d’allocataires du RSA, le Secours populaire et la Banque alimentaire alertent sur l’afflux de nouveaux bénéficiaires, aux profils plus jeunes et plus variés depuis la crise sanitaire. Ces associations lancent un appel aux dons et au bénévolat.

(...) Coordinateur des trois sites de distribution du Secours populaire à Bordeaux, Lionel Estrade estime que le nombre de bénéficiaires a bondi de 25% depuis la crise sanitaire.

« Il y a un an, on était à 1600 personnes soutenues par mois, on est passés à 2000 avec un pic à 2400 pendant le confinement, dont 40% de nouveaux foyers. Ceux qui étaient précaires ont basculé complètement dans la pauvreté parce qu’ils n’ont plus de petites boulots déclarés ou pas, sources non négligeables de revenus. Alors pour une famille, le fait de dépenser 3€ au lieu de 30 pour un caddie, ce sont de vraies économies. » (...)

Le retour de la faim

En Gironde, ce sont au total 18000 personnes qui étaient aidées par le Secours populaire en 2019. Si le calcul n’est pas encore évident pour 2020, son secrétaire général Denis Laulan considère que la hausse devrait s’élever entre 30 et 40%, soit plusieurs milliers de « nouveaux pauvres ».

« Il s’agit de catégories de populations qu’on ne voyait pas avant, souligne-t-il : personnes en CDD, saisonniers dans le Médoc, autoentrepreneurs… Un artisan pêcheur du Bassin d’Arcachon est même venu trouver le Secours populaire à la Teste. C’est saisissant qu’on doive à nouveau se préoccuper de la faim en France. »

Le constat est le même du côté de la Banque alimentaire de la Gironde. Elle fait face à un accroissement important de son activité, avec 20% de bénéficiaires supplémentaires, indique son président Gilles Dupuy. (...)

Étudiants et indépendants en détresse

Avant la pandémie, 100 à 150 étudiants étaient concernés sur le campus de la métropole bordelaise. Ce chiffre, qui est allé jusqu’à 1000 par semaine pendant le confinement, s’élève désormais à 600 ou 700 personnes.

« On pensait que ça allait se tasser avec la rentrée universitaire, et c’est au contraire en train de repartir à la hausse, poursuit Gilles Dupuy. Car les jeunes ne trouvent pas de quoi financer leurs besoins et leurs études par des travaux saisonniers, des extras ou des petits boulots ». (...)

L’augmentation de la pauvreté se mesure également dans les statistiques du RSA (revenu social d’activité) délivré par le département de la Gironde. Au 30 juin dernier, 42 818 foyers en ont bénéficié, contre 40 460 l’an dernier à même époque. Entre janvier et aout 2020, le conseil départemental constate une augmentation de 6,44 % du nombre d’allocataires, qui pourrait être de +10% à fin décembre.

« On voit des jeunes sortant d’études qui ont du mal à être embauchés, indique Denise Greslard-Nédélec, vice-présidente du département en charge de l’insertion. Les personnes un peu ric-rac qui se maintenaient avec des petits jobs et la prime d’activité se tournent vers le RSA. Et les travailleurs indépendants commencent à déferler (+20%), car ils ne peuvent pas tenir longtemps avec l’aide de 1500 euros de l’État. La reprise économique est très compliquée, et les annonces du président n’incitent pas à se lancer dans une activité nouvelle. » (...)
2500 nouveaux foyers au RSA

Ils subissent ainsi les effets de la forte augmentation du chômage en Gironde, de 25,6% au deuxième trimestre 2020. (...)

Le Secours populaire se tourne aussi vers l’Etat pour exiger le maintien du fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD), toujours pas actée dans le prochain budget de l’UE. Avec la Banque alimentaire, l’association s’inquiète d’ailleurs de toujours pas voir arriver les stocks promis pour 2020 par le FEAD, qui représente 40% des denrées écoulées par le Secours populaire.
Quadrature du cercle

Les deux ONG partagent aussi une inquiétude quant à la réduction de la ramasse – la collecte des invendus des grandes surfaces, aux dates limites de consommation sur le point d’être dépassées -, du fait d’un « gaspillage plus maîtrisé par les supermarchés », indique Gilles Dupuy. (...)

Le Secours populaire invite les particuliers à donner dès ce week-end, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère. Une grande collecte alimentaire a lieu dans 30 supermarchés de la Gironde, dont la liste est disponible ici.