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Futura-Sciences
Des papillons « OGM » créés par des virus de guêpes parasites
Article mis en ligne le 26 septembre 2015
dernière modification le 23 septembre 2015

Des gènes provenant de guêpes parasites seraient présents dans le génome de nombreux papillons. Acquis par l’intermédiaire de virus associés aux guêpes, ils serviraient d’antidote aux papillons pour se protéger contre d’autres virus. Les papillons constitueraient donc, en quelque sorte, des OGM produits naturellement au cours de l’évolution.

Des échanges de gènes peuvent-ils se produire entre espèces éloignées ? La réponse pourrait bien être oui selon des chercheurs de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (IRBI, CNRS, université de Tours) et de l’université de Valence. Leurs travaux publiés le 17 septembre dans PLOS Genetics portent sur l’étude de guêpes de la famille des braconides, sur le bracovirus qui leur est associé ainsi que sur certaines espèces de papillons.

Pour se reproduire, les guêpes de la famille des braconides doivent pondre leurs œufs dans des chenilles qui servent à l’alimentation des larves pendant leur développement et jusqu’à leur maturité. Pourvues d’un système de défense efficace qui forme une capsule de cellules immunitaires autour d’un corps étranger, ces chenilles hôtes constituent un milieu hostile pour les larves. Pour contourner ces défenses, les guêpes injectent au moment de leur ponte, des particules nommées bracovirus qui pénètrent dans les cellules de la chenille. Les gènes qu’ils portent sont exprimés par l’hôte et induisent une immunosuppression et le contrôle du développement de la chenille, permettant aux larves de coloniser cet hôte. (...)

Les séquences de bracovirus identifiées ne sont pas uniquement des reliques, mais comprennent des gènes maintenus actifs par les papillons : ils sont exprimés par les chenilles et portent les traces d’une sélection toujours opérante, ce qui suggère qu’ils apportent aujourd’hui une fonction physiologique aux lépidoptères. (...)

Comme il existe des dizaines de milliers d’espèces de guêpes parasitant la quasi totalité des espèces de lépidoptères, ayant chacune son propre bracovirus pourvu d’un assortiment différent de gènes de guêpes, il est très probable que le phénomène d’acquisition de gènes décrit est en fait tout à fait général et que des transferts de gènes variés se produisent régulièrement dans la nature.

Outre l’intérêt évident de cette notion pour les sciences de l’évolution, il est important d’être conscient de ce risque de transfert de gènes, si l’on envisage de fabriquer des guêpes parasites OGM (...)