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Des parlementaires relancent le débat sur le revenu de base au Sénat
Article mis en ligne le 6 juin 2015

À l’initiative du collectif Émergence, présidé par le sénateur socialiste Gaëtan Gorce, un colloque sur le revenu de base avait lieu mardi 19 mai dernier au Sénat avec pour thème : “Le revenu de base : un levier de transformation sociale pour l’économie de demain”, en partenariat avec le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB).

Le Président du Collectif Émergence Gaëtan Gorce a introduit cette journée en insistant sur le besoin d’imaginer des solutions de ruptures par rapport au système actuel. Même s’il n’est pas encore personnellement convaincu de l’idée du revenu de base, il a souhaité organiser ce colloque pour permettre au débat d’exister. Le sénateur écologiste Jean Desessard s’est quant à lui réjoui de l’émergence du débat au sein du PS, soulignant que “le revenu de base doit dépasser le cadre d’un seul parti.” (...)

Le programme de la matinée visait essentiellement à dresser les constats des bouleversements de l’économie liés à l’automatisation et à la numérisation des emplois, à l’émergence de l’économie collaborative et aux métamorphoses du travail que ces tendances impliquent.

Romain Lucazeau, associé au Cabinet Roland Berger est revenu sur les résultats d’un rapport (pdf) concluant que 42% des métiers en France pourraient être automatisés à terme. En expliquant la méthodologie utilisée par son équipe, Lucazeau a expliqué de manière convaincante que la technologie pouvait se substituer à de nombreuses tâches, y compris intellectuelles et dans les métiers de service. En revanche, il a souligné que l’on ne peut pas véritablement estimer le volume des nouveaux emplois qui pourraient être créés, ni leur niveau de qualification ou leur localisation géographique.

Mehdi Benchoufi, président du Club Jade a quant à lui insisté sur une autre dimension de la destruction des emplois, plus spécifique aux algorithmes et à l’économie collaborative. En guise d’illustration, Benchoufi rappelle que les algorithmes du service Google Flu sont plus efficaces que tous les services de veille des autorités sanitaires pour détecter et analyser le développement d’épidémies. Ce qui signifie que tous les emplois liés au contrôle et à la supervision sont susceptibles d’être remplacés avantageusement par des algorithmes.

Enfin, l’économiste Jean-Marie Monnier, expert de la fiscalité, a poursuivi la discussion en démontrant la nécessité de repenser le système fiscal, qui est “hautement inadapté à la situation d’aujourd’hui ». Comme l’explique Monnier, avec le développement de l’économie numérique, les sources de création de valeur économique se sont déplacées si bien qu’elles échappent de plus en plus à l’impôt.

Monnier estime que « le travail des internautes est une rente pour les oligopoles du numérique » et mérite donc une rémunération par le revenu de base. Pour le financer, Monnier a insisté sur le fait qu’il “faut en finir avec la double non-imposition des GAFA » (Google, Apple, Facebook et Amazon) et développer un nouvel arsenal fiscal permettant de prélever l’impôt là où la valeur économique se crée, par exemple sur l’exploitation des données personnelles.

Métamorphoses du travail et de la production de richesses (...)

le numérique induit un modèle économique qui repose sur un système où l’utilisateur a une véritable place de producteur de valeurs. Or la valeur que le consommateur produit est très largement captée par la plateforme support (Google, Facebook, Amazon, Airbnb, Uber…). Ainsi, pour rémunérer le travail émergent du consommateur-producteur, un revenu contributif – ou un revenu de base en première étape – pourrait s’avérer essentiel. (...)

Inconditionnalité du revenu de base et intégration par le travail

Après avoir vu dans la matinée que le travail ne se limite plus au cadre restreint de l’emploi, l’objectif du premier panel de l’après-midi était de montrer que, malgré tout, le revenu de base ne s’oppose pas à l’emploi.

Pour le montrer, Patrick Valentin (ATD Quart-Monde) a présenté le programme de “Territoires zéro chômeur”, qui consiste à créer des entreprises dont la mission est de mettre les compétences des personnes qui se sentent privées d’emploi au service de tâches utiles identifiées collectivement par les habitants sur ce territoire.

Selon Patrick Valentin, les constats et objectifs de ce programme sont similaires à l’origine du revenu de base : libérer les chômeurs de la trappe à pauvreté, améliorer les conditions des travailleurs via l’accroissement du pouvoir de négociation, encourager le travail indépendant et libérer les femmes au foyer. (...)

le revenu de base doit s’imposer comme l’une des pistes sérieuses de réflexion et être débattu. Encore fallait-il que ce débat dépasse la bulle de ceux qui en sont déjà convaincus. En tenant ce colloque au cœur des institutions de la République, une étape vient d’être franchie.