
Pas tout d’annoncer à l’avance, comme le fit Paul Jorion, « l’agonie du capitalisme ». Encore fallait-il, une fois acquis le prochain dernier soupir du crevard, préparer le terrain à ce qu’il faudrait « mettre à la place ». Ce à quoi s’emploie Jorion dans son dernier opus, “Misère de la pensée économique” (Fayard, 20 euros).
(...) Dix mesures urgentes… en attendant mieux (...)
1. Augmenter les salaires plutôt que de favoriser l’accès au crédit.
2. Interdire la spéculation sur les variations de prix, comme c’était le cas dans la plupart des pays jusqu’à la fin du XIXe siècle.
3. Couper le robinet alimentant les paradis fiscaux à la source, en interdisant aux chambres de compensation de communiquer avec eux.
4. « Abolir les privilèges des personnes morales [les entreprises, ndlr] par rapport aux personnes physiques [vous, moi…]. »
5. Remettre l’actionnaire à sa place, celle de simple créancier d’une société et non goinfre à dividendes.
6. Mettre un terme aux manipulations boursières en interdisant les opérations “haute fréquence” à la micro-seconde.
7. Imposer les multinationales (Total, par exemple) sur l’ensemble de leurs activités, y compris celles que ces malines ont transférées à l’étranger.
8. Supprimer les stock-options et instaurer « une authentique participation universelle ».
9. Interdire les « dispositifs spéculatifs » (immobilier, assurance-vie…) et les remplacer par des systèmes de solidarité collectifs.
10. « Enfin, dans un monde où le travail disparaît, la question des revenus doit être mise à plat et faire l’objet d’un véritable débat. »
Le vieux monde est mort, vive le nouveau ! (...)
La question reste de savoir qui pour mettre en œuvre les fondations de ce nouveau monde. (...)
une chose est sûre selon Paul Jorion : quels que soient les embûches, les aléas et la longueur du chemin, l’humanité est à l’aube d’une transition « qui sera d’une ampleur stupéfiante ». Voilà pourquoi il est indispensable de lire sans tarder ses éclairantes réflexions.