Parmi les bizarreries que nous a réservé 2020, on se souvient du prix négatif du pétrole. En avril dernier, le ralentissement de l’activité économique a engendré un phénomène inédit ; il n’y avait plus de place pour stocker le pétrole extrait du sol, qui manquait de débouchés.
C’est ainsi que le prix du baril West Texas Intermediate (WTI) est devenu brièvement négatif le 20 avril, clôturant à -31 euros : la situation était tellement critique que ceux qui détenaient des barils de bruts étaient prêts à payer des personnes pour qu’elles les débarrassent de cette marchandise.
Un scénario jamais vu depuis 138 ans, qui n’a duré que 24 heures. Mais aussi une aubaine pour certains. Il faut dire que de très nombreux produits financiers dérivés sont liés au prix du baril WTI, et plus exactement à son prix à la clôture, qui a lieu à 14h30.
Les neuf salopards
En enquêtant sur les événements qui avaient conduit à un WTI à -31 euros, les autorités américaines ont découvert le rôle joué par une firme britannique : un petit fonds d’investissement nommé Vega Capital London Limited.
Neuf de ses traders indépendants -en télétravail au moment des faits- ont réalisé une plus-value de 540 millions d’euros. Les enquêteurs cherchent désormais à savoir s’ils ont violé la loi, ou s’ils ont simplement effectué un coup de génie parfaitement légal. (...)
« Tout cela est parfaitement légal, à condition que le trader n’essaie pas délibérément de faire baisser le cours de clôture à un niveau artificiel pour maximiser ses profits, ce qui constitue une manipulation du marché en vertu du droit américain », explique Bloomberg. Aux enquêteurs de déterminer s’il s’agissait d’un crime ou d’un coup de génie.