
Ce récit est le premier d’une série d’articles de Louise Tourret dans lesquels elle revient sur son expérience de journaliste éducation passée de l’autre côté de la grille du collège.
Journaliste éducation et productrice d’une émission sur France Culture, « Rue des écoles », depuis 2009, je pensais bien connaître l’école. L’année dernière, un vieil ami, principal adjoint de collège, m’a mise au défi de venir y voir de plus près. De vraiment plus près, en enseignant moi-même. Rien de plus simple en fait, l’Éducation nationale manque terriblement de professeurs : si vous êtes titulaire d’un master, il suffit d’envoyer un CV et une lettre de motivation sur le site du rectorat choisi pour devenir enseignant. Fin décembre 2014, j’ai sauté le pas.
Me voilà convoquée dès février pour un entretien avec une inspectrice de français. J’ai choisi cette discipline car la maîtrise de la langue est présentée comme la priorité des priorités par tous les ministres de l’Éducation nationale. Je veux également essayer de me rendre compte par moi-même quel est le niveau des élèves, puisqu’on dit tant qu’il baisse.
Recours massif aux contractuels
J’ai aussi une envie sincère de transmettre : je suis passionnée de littérature et j’aime écrire. C’est ce que je dis, presque naïvement, à mon interlocutrice. Notre conversation court sur les objectifs de l’enseignement du français au collège. Faire lire, faire accéder l’élève à la maîtrise de l’écrit. Des généralités que je connais bien grâce à mes lectures de journaliste spécialisée. Je précise à l’inspectrice que je suis diplômé de… géographie. Pas de soucis.
Seule question « piège » : que ferais-je demain si j’étais devant une classe de 6e ? (...)