
Alors que des détenus continuent de mourir en prison, comme Eric PIEDOIE qui meurt à petit feu à la prison de Grasse, j’essaye, face à l’inertie de l’opinion et des pouvoirs publiques, d’agir en communiquant des infos et en expliquant la situation carcérale par ce blog et autres médias afin de faire avancer les choses pour que la situation sanitaire catastrophique des prisons soit enfin reconnue et que l’on cesse de traiter les malades incarcérés de façon si inhumaine.
Je ne rêve pas je sais bien que c’est une cause perdue qui n’intéresse pas grand monde. Mais que faire ? Se taire ? Ne rien dire ? Se résigner ? Et laisser ceux qui en ont le plus besoin comme Eric crever comme des chiens ?
Alors j’interviens le plus possible dans des colloques, dans des associations, des lycées, à Science Po en passant par la Fac de Médecine etc.... Bref j’écris, je communique et c’est dans ce cadre là que je suis intervenue le 3 juin dernier à la « journée prison » organisée par Sidaction au conseil Régional d’Ile de France, pour expliquer ce que cela voulait vraiment dire de vivre avec le sida en détention...
...Je suis sorti en janvier 2010, après un parcours très dur. J’ai fait cinq ans de quartier d’isolement. Malade, j’ai d’ailleurs failli mourir, pneumocystose et compagnie. On m’a hospitalisé cinq jours et on m’a ramené en quartier d’isolement où je suis resté deux ans. C’est un exemple. J’ai été condamné, mais je n’ai pas été condamné à être torturé....
...En vingt-cinq ans, je peux vous dire que j’en ai vu partir dans des conditions terribles. Partir, ça veut dire mourir comme des chiens. Un nombre incalculable se sont suicidés pour ne pas mourir comme un animal…
...Il faudrait réfléchir sérieusement à des alternatives à l’emprisonnement. La peine moyenne en France est de 9,4 mois… On se demande ce qu’ils foutent en prison, les malades, les vieux, les fous… Où va-t-on ? On nous a sorti un plan sanitaire en 1994, on l’a refait et aujourd’hui on n’est pas plus avancé.
Le 4 mars 2002, on nous a sorti la loi de suspension de peine pour raison médicale. Moi j’étais malade à l’époque, j’ai cru que j’allais sortir. J’ai vu sortir Papon, mais moi je ne suis pas sorti. La réalité, c’est ça.
...J’ai fait vingt-cinq ans de taule, le jour où je suis sorti j’ai fais la promesse que je ne laisserai pas faire. Parce que la mémoire de ces mecs qui sont morts, il ne faut pas l’oublier....