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Discrimination directe, indirecte et systémique
Article mis en ligne le 1er décembre 2010
dernière modification le 29 novembre 2010

En matière de lutte contre les discriminations racistes plus que dans n’importe quel autre domaine, les mots employés ne sont ni neutres ni anodins. Au contraire, ils sont surchargés de sens et sont révélateurs des discours et des postures contradictoires qui s’affrontent les unes les autres : les mécanismes et les logiques qui les animent doivent pouvoir être repérées. Les remarques qui suivent se proposent de définir la notion de discrimination, en distinguant les différentes formes qu’elle peut prendre : directe, indirecte, systémique.

On appelle discrimination « l’application d’un traitement à la fois différent et inégal à un groupe ou à une collectivité, en fonction d’un trait ou d’un ensemble de traits, réels ou imaginaires, socialement construits comme « marques négatives » ou « stigmates ».(...)

L’approche juridique construit des catégories légitimes de discrimination qui sont toutefois discriminatoires et contribuent à (re)-produire des discriminations systémiques. D’autre part la définition juridique des discriminations tend également à réduire les discriminations à deux catégories : les discriminations directes (motivées par une intention discriminatoire liée à une forme de racisme) et les indirectes (sans intentionalité), en rendant invisible toute discrimination de nature systémique. (...)

Le concept de discrimination systémique découle de la reconnaissance de l’existence de déséquilibres socioéconomiques ou d’inégalités sociales qui sont historiquement constitués : Les discriminations systémiques sont donc constituées par les processus qui produisent et reproduisent les places sociales inégalitaires en fonction de l’appartenance à une « classe », une « race » ou un « sexe », cette appartenance pouvant être réelle ou supposée.(...)

L’essentiel des discriminations à l’œuvre n’est ainsi pas le produit, ni le résultat d’un hasard immanent ou transcendant, c’est-à-dire n’est pas le résultat de processus externes aux rapports sociaux (c’est, par exemple, le modèle du racisme-virus qui contaminerait une société). Elles ne sont pas non plus réductibles à des processus psychologiques ou individuels (individus racistes, contaminés par une pensée raciste individualisée, etc.) mais bien le produit interne des rapports socio-économiques qui président aux rapports sociaux à l’œuvre dans une forme sociale donnée. Même si les discriminations se manifestent par des actes individuels, elles ont un soubassement dans le fonctionnement du système social. Autrement dit, la discrimination systémique n’est pas seulement le fruit de mentalités ou de valeurs racistes, mais le résultat de l’interaction de diverses pratiques sociales qui sont racialement discriminatoires.

Les discriminations systémiques sont donc constituées des processus invisibles d’assignations à une place dans la hiérarchie sociale en fonction d’un critère réel ou supposé (ici de l’appartenance à une « race », essentialisation hiérarchisée, socialement élaborée). Ces processus agissent par le biais des discriminations indirectes et directes et en constituent en réalité le soubassement.(...)

Les trois formes de discriminations sont donc intimement liées dans les processus systémiques de discrimination : discrimination directes et indirectes, inégalités et racismes interagissent et se renforcent mutuellement en contribuant au fonctionnement et au maintien du système. (....)

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